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Brahms par Gielen, enfin à la portée de tous

Bien qu'il ait été enregistré il y a plus de dix ans, on peut quasiment considérer ce disque comme une nouveauté, car il était sorti à l'époque sous la confidentielle étiquette Intercord. Sa reprise dans la SWR Edition du label Hänssler va enfin permettre au public d'en disposer d'une manière régulière dans les circuits habituels de distribution.

Le programme débute par une Ouverture tragique qui pourrait presque à elle seule faire tout le prix de ce disque : lapidaire et concentrée, d'une violence froide et austère, cravachée dans les épisodes les plus orageux, trouble et menaçante dans la partie centrale, une grande version, qui glacera le sang des plus endurcis.

Après les déchaînements de la pièce d'ouverture, l'introduction de la symphonie n°1 surprend par son ton solennel et son allure assez lente, mais l'allegro qui suit est viril et rapide, d'une volonté implacable. L'orchestre est conduit d'une main de fer, la polyphonie est d'une clarté parfaite, et la reprise du thème, souvent épineuse, est magistrale. On regrettera juste un léger emballement des cordes avant la fin du mouvement. Pas d'envolée lyrique dans un Andante sostenuto anguleux, mais une ambiance fiévreuse et douloureuse, que viennent soulager des clarinettes consolatrices puis un superbe et très sobre solo du konzertmeister, accompagné avec beaucoup de grâce par le premier corniste. De texture transparente et fine, l'Allegretto, obstiné et mobile, est une pause bienvenue dans le harassant cheminement de cette symphonie, avant un Finale chargé de tension et d'énergie héroïque, rythmiquement inflexible dont l'ascendance beethovenienne est particulièrement bien soulignée.

Minéral, austère et emporté, le Brahms de n'est pas le plus chaleureux ni le plus effusif, mais, servi par un orchestre glorieux et une excellente prise de son, il procure des sensations fortes et est simplement éloquent, sans fard et sans artifices. Les autres symphonies suivront bientôt, et espérons qu'Hänssler ait la bonne idée de rééditer l'intégrale Beethoven des mêmes chef et orchestre, trop furtivement parue chez EMI il y a une dizaine d'années, et qui mériterait elle aussi d'être réentendue.

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