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L’âge d’or de l’opérette…et de la radiophonie !

Qui se souvient de  ? Mis à part quelques fous d'opérette, ce nom n'évoque plus rien aux mélomanes. Ce fut pourtant, d'après ce qu'on apprend sur la plaquette d'accompagnement du CD, un pilier des diffusions radiophoniques des années 50, et un interprète d'opérettes incontournable.

Il possédait également à son répertoire de beaux rôles d'opéra (Zurga, Figaro, Papageno, Lescaut, Mercutio, Ramiro…) et a participé aux créations françaises (entre autres) du Viol de Lucrèce de Benjamin Britten, de L'amour des trois oranges de Prokofiev ou de l'Opéra de poussière de Marcel Landowski. Alors ? Est-ce sa disparition prématurée à l'âge de 46 ans des suites d'une leucémie, ou son répertoire de prédilection désormais passé de mode qui l'ont précipité au purgatoire des chanteurs oubliés ?

La voix est belle, pourtant, d'une bonne longueur, avec des aigus conquérants (il fut titulaire du rôle de Pelléas à l'Opéra-Comique pendant trois ans, en alternance avec ). Le timbre n'est pas exceptionnel, mais l'interprète possède une diction remarquable, qualité de rigueur à l'époque, et puis de la présence, de l'abattage, de la séduction, et une certaine élégance un peu démodée. Par-dessus tout, l'art de donner vie, charme et crédibilité à un répertoire qui sans ces atouts devient très vite ringard.

Quoique… depuis que la compagnie Les Brigands nous régale chaque année d'une opérette, le genre redevient fortement à la mode. Pourquoi pas ? Bien interprétées, et non ingurgitées à doses massives, beaucoup de ces pièces sont réellement charmantes. L'audition de ce CD donne également à réfléchir au travail qui reste encore à accomplir à nos interprètes d'aujourd'hui, et tout principalement au point de vue de la diction, avant d'espérer atteindre le résultat de leurs glorieux aînés.

Surfant – ou non – sur le retour en grâce de ce genre léger, l'INA a l'excellente idée de proposer un panégyrique de l'art de et de larges extraits de son répertoire, sauvegardé grâce aux diffusions radiophoniques et télévisuelles de l'âge d'or des années 50 (ah ! l'opérette du dimanche après-midi !). Nous trouvons ainsi, à coté de l'inusable Véronique, en duo avec Liliane Berton, rien moins que la créatrice de sœur Constance du Dialogue des Carmélites de Poulenc, Hans le joueur de flûte de (1906) dont la musique à l'air franchement intéressante, et qui aurait peut-être valu le risque d'une intégrale de la part de l'INA, Moineau (1898) de , séduisant hommage à …et à sa Véronique, un kitchissime Au soleil du Mexique (1935) de et un légèrement plus connu Tzaréwitch de Franz Lehar (1929), et puis quatre mélodies… de  ! Rarissimes, celles-ci ne peuvent rivaliser avec celles de Poulenc ou de Fauré, que ce soit pour le texte ou pour l'accompagnement, mais entourées comme elles le sont, elles se laissent écouter avec plaisir.

Alors, remercions l'INA de cet hommage, et laissons-nous porter par cette jolie voix et la charme suranné de ces œuvres légères.

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