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Œuvres de jeunesse d’Erich Korngold

La facilité d'écriture du très jeune s'avère tout simplement stupéfiante. Témoignage de sa précocité son Trio op. 12 pour piano, violon et violoncelle en ré majeur élaboré en 1912, il n'a pas encore 15 ans ! Et déjà, il a magistralement incorporé toutes les techniques et son discours musical ne connaît aucune faiblesse. La virtuosité contrôlée des trois voix, les inflexions bien peu romantiques, sans épanchement ni pathos (troisième mouvement, Larghetto), traduisent néanmoins une assurance époustouflante.

L'équilibre formel, quoique classique du discours (voir Allegro non troppo, con expressione initial et Allegro molto energico final) ainsi que la thématique minimale et quelque peu distante (Scherzo-Allegro) doivent en partie à l'héritage lointain d'un Brahms excessivement débarrassé de ses traits les plus intimes et lyriques auquel il apporte sa propre contribution par le biais de son vocabulaire extrêmement personnel mais trop froid et mécanique. Ces traits stylistiques se retrouvent partiellement dans la Sonate pour violon et piano en sol majeur composée deux années plus tard et dédiée à deux monstres sacrés de l'époque, le violoniste Carl Flesch et le pianiste Arthur Schnabel qui la jouèrent souvent. D'une écriture assurée et directe, d'une morphologie impeccablement définie, d'un déroulement intelligent et logique, cette sonate op. 6, brillante et techniquement irréprochable semble s'écouter elle-même et manque d'une indispensable intériorité susceptible de lui conférer la reconnaissance d'un plus large public.

Toujours est-il que le , formation dont les débuts remontent à 1987 et dont les critiques favorables ne manquent pas, s'en tire admirablement. Tout entier au service de ces pages juvéniles et matures à la fois, les instrumentistes affichent un haut niveau artistique, individuel et d'ensemble.

Le destin de Korngold, riche et douloureux à la fois, le mènera vers l'écriture splendide et inspirée de son opéra La Ville morte (Die Tote Stadt) créé à Hambourg en 1920 puis vers l'exil américain, lors de l'arrivée du national-socialisme, où il composera de la musique de film.

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