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Zoltán Kodály: œuvres pour chœur mixte (vol.2)

On sait combien Bélà Bartók est resté fidèle à sa patrie hongroise, à ses chants et ses poésies populaires, et ce malgré son intérêt porté à l'expressionnisme de Schœnberg, l'impressionnisme de Ravel et de Debussy, les innovations rythmiques de Stravinsky.

Dans le cas de , fidèle ami de Bartók qui l'accompagnera dans son parcours des villages les plus reculés de la Hongrie pour y recueillir des centaines de mélodies et de chants folkloriques authentiques, l'attachement patriotique est encore plus fort et s'en ressent à travers toute son œuvre.

Les nombreux voyages de Bartók l'ont finalement amené à s'expatrier aux Etats-Unis, lors de la montée du nazisme en Europe, alors que Kodály s'est installé à Budapest pour enseigner à l'Académie Franz-Liszt où il a développé sa propre méthode de pédagogie musicale qui prévaut encore aujourd'hui. Ardent défenseur de l'identité culturelle hongroise, ce sont ses centaines de chants chorals qui véhiculent le mieux l'âme de son peuple et de son pays natal.

Les chants regroupés sur le présent enregistrement, composés entre 1937 et 1947, correspondent à une période créative très prolifique de Kodály. Parmi ses compositions les plus fameuses, le Debrecen Kodály Chorus et son directeur Erdei Péter nous font savourer, entre autres, Chant au Roi Saint Etienne (1938) dans deux versions différentes, Chant du Soir (1939), Chant de la Première Communion (1942), le Chant d'Avent (1943), Supplication (1943), la Nation Hongroise (1947).

Si la plupart des textes choisis par Kodály proviennent de son pays natal, avec des références à son folklore ou à son histoire, il s'inspire malgré tout d'autres textes de source religieuse ou d'origine étrangère, mais au final cela se transforme presque toujours en une musique hongroise, par la traduction des textes en hongrois, et l'emploi de mélodies hongroises ou de mélodies composées « à la hongroise » avec un rythme très souvent syncopé qui s'adapte bien à la délicate intonation des paroles.

Kodály a aussi forcément été marqué par les évènements de la Seconde Guerre Mondiale, et cela s'en ressent à travers les œuvres qu'il a composées durant ces années sombres, notamment Filles Norvégiennes (1940), Aux Sicules (1943) et Chant de Bataille (1943). La Nation hongroise (1947) et Chant Funèbre (1947) sont quant à eux une réflexion a posteriori.

Le langage musical de Kodály est tonal, modal, et s'aventure parfois dans un domaine de dissonances croustillantes sans jamais atteindre pour autant les excès expressionnistes et avant-gardistes d'autres compositeurs de la première moitié du XXe siècle.

Le Debrecen Kodály Chorus et son chef Péter Erdei sont tout à fait dans leur élément dans cet excellent disque qui est vraiment à découvrir pour tous les passionnés de musique chorale a cappella, d'autant plus que ces chœurs de Kodály ne jouissent pas d'une vie discographique très fournie.

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