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Christoph Eschenbach : Pour l’amour du son de Tchaikovsky

En 2003, la nomination de à la tête de l'Orchestre de Philadelphie avait fait grincer les dents. Sans remettre en cause le talent du chef d'orchestre, nombreux étaient ceux qui s'étonnaient de la désignation à la tête d'un orchestre qui a fondé sa notoriété sur le disque, d'un chef à la discographie maigrichonne tant quantitative que qualitative. En 2005, le label finlandais Ondine a signé un contrat discographique avec le chef et son orchestre étasunien afin de les documenter dans les chevaux de bataille du répertoire, enregistrés dans leur nouvelle et superbe salle : le Verizon Hall. Ce présent album est le second de cette série et il fait suite à un disque Bartók, Martinu et Klein.

Le choix de la Symphonie n°5 de Tchaïkovski est amplement justifié tant cette pièce phonogénique est ancrée dans l'histoire de l'orchestre qui l'enregistra sous les baguettes de Leopold Stokowski, Eugene Ormandy et Riccardo Muti. Dès les premières minutes de l'Andante-Allegro con anima initial, notre oreille est attirée par le grain de velours de l'orchestre. Les cordes formant un véritable tapis de soie sur lequel s'épanchent les solos des vents et des cuivres. Le mouvement lent est, à ce titre, un véritable manifeste, les solistes de la petite harmonie tirent des nuances infinitésimales de leurs instruments.

Eschenbach conçoit l'œuvre dans des tempi très amples et son interprétation avoisine la cinquantaine de minutes. Le chef d'orchestre prend un immense plaisir à s'épancher vers des sonorités de sa phalange. Dans cette optique l'Andante cantabile, con alcuna licenza apparaît un peu trop intentionné et chichiteux. D'autant plus qu'avec une prise de son démonstrative de présence et de profondeur, l'auditeur s'en prend plein les tympans ! Les autres mouvements sont mieux amenés : La progression des premiers et derniers volets est bien gérée tandis que la valse balance bien. Si l'on peut rester fidèle à nos chères références : Valery Gergiev (Philips), Herbert von Karajan (DGG), Evgueny Mravinsky (Melodiya et DGG), il faut saluer le retour à un haut niveau discographique d'une telle formation. Le minutage est complété par des extraits du cycle des Saisons sous les doigts d'Eschenbach qui reste un pianiste précis et subtil. Les différentes facettes de ces pièces sont idéalement rendues sans surinterprétation déplacée.

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