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Messe de Chimay de Cherubini

Festival de Saint-Denis

Au fil des ans, le Festival de Saint-Denis s'affirme comme l'un des plus grands festivals de l'hexagone et le premier en musique symphonique pour l'Ile de France. A cela, s'ajoute une action exemplaire et constante auprès des scolaires pour les sensibiliser à la musique. Tout cela est du à l'énergie constante de son directeur Jean-Pierre Le Pavec qui a su donner une impulsion remarquable d'ouverture à tous les publics. Ajoutées à cela, une programmation exigeante et de qualité, un choix d'œuvres exemplaires et emblématiques qui ne sont pas sans toucher le public. Bravo !

Cette manifestation est soutenue avec vigueur par Radio France et France Musique devenue d'une grande et belle qualité grâce à son directeur .

Cette Messe de Chimay est le troisième volet de la passion de Muti pour Cherubini. Après le Requiem présenté en 2000, composé pour la Basilique et créé à Saint-Denis en 1817, puis la Grande Messe Solennelle en 2003, le maestro retrouve cette année le Festival avec cette Messe de Chimay. C'est en 1808, dans les prés de Chimay, en Belgique, pas loin d'une abbaye où les moines distillent une bière réputée, que ce compositeur italien parisien d'adoption compose cette messe de 100 minutes à mi-chemin entre son opéra Médée, la Missa Solemnis de Beethoven et le Te Deum de Berlioz.

Les contemporains de Cherubini ont vu en lui un nouveau Palestrina, appréciant son style luxuriant à la croisée de l'Italie, du bel canto, des trompettes et roulements de timbales révolutionnaires, du souffle épique de l'histoire en marche. Adolphe Adam plaçait même sa musique religieuse au-dessus de celle de Mozart. Haydn et Mozart, justement, ont été les grands inspirateurs de Cherubini, qui attache une réelle importance à l'esprit et au sens du texte.

Avec ce concert, revisite admirablement le souffle de l'histoire. En plus, on devine une formidable complicité avec l'excellentissime qu'il connaît et qu'il aime visiblement diriger. Les musiciens le lui rendent d'ailleurs très bien.

Tout au long de l'exécution de cette œuvre qui n'est pas, loin s'en faut, la pièce maîtresse de Cherubini, le maestro insiste sur le recueillement, trouve des accents de grâce et dirige l'orchestre, le chœur et les solistes avec un équilibre, une subtilité et une émotion de tous les instants. Il évite tout excès, toute décoration inutile, livrant une palette de couleurs d'une extraordinaire richesse. Cela commence par un Kyrie d'une douceur infinie, d'une finesse et d'une grande élégance. Il y a un côté bucolique particulièrement touchant. Les prés de Chimay ont su inspirer le compositeur. Le Gloria en 5 mouvements est mené avec un rythme et une énergie majestueux. Suit un Credo fervent en 6 mouvements, un Sanctus et Benedictus brillantissimes. L‘Agnus Dei clôt ce concert dans un délicat Allegro. La soprano Ruth Ziesak révélée au public par Georg Solti, le ténor grand collaborateur du Philharmonique de Vienne, la grande basse savent trouver sous la direction brillante de Muti des couleurs de toute beauté qui bouleversent le public. Le chœur de Radio-France est comme toujours excellent. Il chante avec une ferveur et une émotion contenue la gloire divine.

A l'occasion des concerts de la Messe de Chimay, le Festival et le Groupe Generali France proposent une exposition autour de Cherubini – fondateur du Conservatoire National de Musique – qui a traversé une période historique riche et mouvementée entre Révolution, Empire et Restauration.

Crédit photographique : © DR

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