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Schwarzkopf en récital en 1954

INA Mémoire Vive

Le label patrimonial INA Mémoire Vive nous offre enfin le récital donné par au Festival d'Aix-en-Provence 1954. Outre la variété du programme, il est intéressant de pouvoir entendre cette artiste lors d'un concert. En effet, d'une extrême exigence et d'une totale sévérité avec elle-même, la soprano appréciait particulièrement l'exercice du studio où elle pouvait faire et refaire à sa guise les prises pour obtenir enfin le résultat qu'elle escomptait. Ce récital nous offre, de plus, une Schwarzkopf bien différente de son image de chanteuse glacée et intellectuelle.

Pour cette soirée estivale, la soprano avait composé un programme destiné à combler un auditoire français peu au fait de ce type d'exercice et qui aurait été passablement rebuté par des compositeurs essentiellement germanophones. Le résultat est un savant dosage où l'on croise Wolf, Schubert et Schumann mêlés à du baroque : Pergolesi et Haendel ainsi qu'à un Plaisir d'amour de Martini chanté en français. Bien évidement, l'artiste est au sommet de son art dans une sélection de lieder d'Hugo Wolf qui sonnent ici avec le galbe et le naturel parfaits, mais on ne saurait négliger les pièces exotiques à l'image de cet incroyable air d'Atalante de Haendel qui se transforme en véritable leçon de tenue de chant. Au-delà de la perfection technique et stylistique, le principal trait de ce disque est le naturel et la sensibilité avec lesquels la chanteuse se meut dans des univers aussi différents.

Il faut également saluer la prestation pianistique du chef d'orchestre . Immense connaisseur de la musique du XXe siècle qu'il pratiquait en pionnier avec son orchestre « radiosymphonique » de Baden-Baden, ce musicien assurait la fosse des opéras de Mozart au festival aixois. Formidable précurseur, il fut aussi l'artisan du premier enregistrement mondial d'un opéra de Rameau : Platée qui fut mis en boite après des représentations aixoises. Musicien émérite, il sait porter musicalement sa prestigieuse soliste d'un soir.

La prise de son plus que convenable pour un enregistrement de concert de 1954 poursuit notre plaisir. On regrette simplement un texte de présentation trop porté sur l'analyse du style de la chanteuse et non pas sur le programme.

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