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Concerti con molti stromenti

VIIIe Festival Juventus

Organisé pour la huitième fois dans la ville de Cambrai, le Festival Juventus en est cet été à sa seizième édition. Depuis sa première édition en 1991, Juventus a désigné comme lauréats environ quatre-vingt jeunes musiciens européens pratiquant tout type d'instrument, et issus de différents courants d'interprétation. Ces jeunes musiciens sont suivis à leur insu, et invités en résidence à Cambrai pour la durée du festival. Parmi les lauréats, on notera les noms d'Andréas Scholl, Piotr Anderzsewski, , , ou Sophie Karthaüser.

Le programme de ce soir fait la part belle au répertoire concertant, mais dans un esprit très chambriste, puisque les concertos proposés sont destinés à plusieurs instruments solistes. Deux générations de lauréats sont à l'œuvre dans le premier concerto de la soirée : fait partie de la famille Juventus depuis la presque première heure (1992), alors que est un lauréat de cette année, qui devait encore donner son récital d'introduction. L'entente des deux musiciens produit un très intéressant concerto pour deux violoncelles de Vivaldi, en particulier dans le sobre et secret largo, dans lequel ils dialoguent en murmurant, soutenus avec finesse et retenue par le violoncelliste solo de l'orchestre, qui fait office de basse continue.

La symphonie concertante pour violon, alto et orchestre de Mozart est un chef-d'œuvre qu'on ne se lasse pas d'entendre, même si l'exécution de ce soir nous laisse dubitatif. L'écart stylistique entre des solistes au jeu romantique assez convenu était trop important par rapport à un orchestre aux phrasés, aux articulations et aux sonorités historiquement informés. Le résultat est disparate, d'autant plus que le duo concertant apparaît déséquilibré, entre une violoniste, , finaliste du Reine Elisabeth 2005 et nouvelle lauréate de Juventus, au jeu brillant et altier quoiqu'un peu crispé, et une altiste courte de sonorité, au jeu sec et flottant.

Intermède minimaliste ensuite avec le Cantus d', composé en 1977 en hommage à la mémoire de . Pärt n'a jamais pu rencontrer le compositeur britannique, et nous confie sa peine dans cette pièce d'apparence simpliste, une seule mélodie étirée sur dix minutes, mais remarquablement efficace et prenante, avec ses impressionnants motifs confiés aux cloches. Le sommet du concert est cependant sans conteste le concerto pour piano et trompette de Chostakovitch sous les doigts véloces de et la trompette puissante et précise de Gabor Boldoczki. Très sobre, presque aride dans le mouvement lent, elle est éclatante de virtuosité dans le sarcastique allegro con brio, et met le feu à l'ébouriffante coda finale.

L'ensemble accompagnateur est l', formé en 2003 par le chef . Il réalise une belle prestation, enthousiaste et stylistiquement très juste, mais connaît quelques problèmes de cohésion et l'intonation est parfois défaillante. Le Festival Juventus continue jusqu'au 14 juillet, le programme est visible sur notre agenda du Nord-Pas-de-Calais.

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