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Hommage à Pablo Casals

Festival

Réfugié à Prades pour fuir la dictature de Franco en décidant d'abandonner sa carrière de concertiste, (1876-1973) se laisse peu à peu convaincre par ses amis et donne en 1950, pour commémorer le bicentenaire de la mort de Jean-Sébastien Bach, une série de concerts qui réunissaient les plus grands interprètes de son temps… Ainsi naissait le Festival de Prades.

Pour rendre hommage au grand violoncelliste catalan comme il le fait chaque année, avait choisi de programmer deux œuvres contemporaines de la naissance du maître – la Sonate n°1 pour violon et piano de Fauré et le trio n°2 pour violon, violoncelle et piano de Dvorak – et le Quatuor à cordes n°14 de Chostakovitch correspondant à l'année de sa mort. En début de deuxième partie, le violoncelliste accompagné par Denis Weber jouait Madrigal d', une œuvre dédiée à par le compositeur espagnol. Sous l'archet toujours très inspiré de , cette courte cantilène aux élans chaleureux fut un instant d'émotion très intense rehaussé d'une belle qualité d'écoute.

Si la Sonate n°1 de Fauré sous les doigts des deux interprètes finlandais Elina Vähälä et Ralf Gothoni manquait de transparence et de lumière pour restituer à cette musique sa grâce vibratile, le trio n°2 de Dvorak souleva l'enthousiasme du public conquis par le trio de choc formé par Mihaela Martin, Frans Helmerson et , un pianiste débordant d'énergie très communicative qui contribua à donner à l'ensemble un relief saisissant. On apprécia également la belle complicité de Mihaela Martin et Frans Helmerson – également complices dans la vie – dont l'élégance du geste et la sonorité chaleureuse captaient l'écoute à chaque réplique.

Occultés par le succès du Quatuor à cordes n°8, une œuvre autobiographique où Chostakovitch parle à la première personne, les derniers quatuors à cordes du maître russe sont rarement joués ; plus surprenants et d'une grande économie de moyens, ils obéissent tous à un parcours singulier tel le Quatuor n°14, avant dernier de la série, dont l'Adagio central est encadré par deux allegretti. Le aborde l'œuvre avec un certain détachement qui correspond bien à cette écriture où la vie semble se retirer. A une époque où Chostakovitch lutte désespérément contre la maladie – il mourra deux ans plus tard – le Quatuor n°14 est un dernier sursaut où le compositeur semble rassembler de nouvelles forces vitales interprétées à juste titre par le comme un vernis de surface qui masque mal le vide exprimé par les longues phrases solistes préfigurant le néant de la mort : une œuvre poignante dans son ambiguïté appréhendée par les interprètes dans ses moindres nuances.

Crédit photographique : © R. Roig

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