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Mascarade de Carl Nielsen par le Festival de Bregenz

Mascarade, l'opéra danois le plus célèbre de tous les temps, donne toute sa saveur, tout son humour et son soubassement social permanent dans cette merveilleuse réalisation scénique proposée par le Festival de Bregenz.

(1865-1931) l'acheva en 1906 à partir d'un livret dont Vilhelm Andersen avait trouvé toute sa substance dans la fameuse comédie éponyme de Ludvig Holberg (1724). En visionnant la mise en scène – mi-respecteuse du passé, mi-moderne, mais à tout instant plausible et cohérente de – l'ampleur et l'intelligence de la conception ne laisse aucun doute. Les costumes flamboyants, les décors mobiles et très ingénieux et surtout le jeu fascinant des lumières rehaussent, si besoin en était, une mise en scène, certes assez traditionnelle, mais d'une remarquable efficacité. Un tel spectacle devrait offrir une nouvelle chance à cet opéra succulent et grouillant, de conquérir de nouveaux adeptes. Chanté en allemand par une fine équipe d'interprètes plus qu'impliqués, tant au niveau du chant que du jeu théâtral, le déficit dû à l'abandon du danois originel se trouve compensé par les qualités suscitées. L', placé sous la direction expérimentée du chef allemand , car ayant déjà enregistré une excellente version de Mascarade (en danois) avec une autre équipe et l'Orchestre symphonique de la Radio danoise (Decca, 1996) couronne le tout avec brio et un engagement de tous les instants. Les deux lectures du chef viennent opportunément enrichir les anciennes réalisations, plus idiomatiques sans doute, mais peut-être moins brillantes, de Launy Grøndahl (Danacord, 1954) et de (Unicorn, 1977).

Mais revenons vers ce DVD plein de fougue et de couleurs, de franche bonne humeur et de critique sociale à peine voilée. La mascarade, grâce aux déguisements et au port de masques, autorisait les mélanges sociaux que la rigide séparation des classes interdisait totalement dans la vie de tous les jours. Leander et son valet Henrik sont tombés amoureux de jeunes femmes lors d'une de ces fêtes. Jeronimus, le père de Leander, tempête. Il impose à son fils de s'unir à Pernille, la fille de Léonard. Pis, sa propre femme se rendra en secret à la prochaine mascarade… Tous les ingrédients de la comédie sont en place et justifient des situations tour à tour drôles, cocasses et divertissantes. Les danseurs animent la scène sans faillir avec un entrain et une brillance dues à une chorégraphie omniprésente et tourbillonnante. On ne s'y ennuie à aucun moment et l'ivresse que l'on en retire possède quelque chose de juvénile et de positif. Un pur morceau d'anthologie, à la gloire de l'amour et de la démocratie, à goûter au plus vite et sans modération.

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