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Trois cent cinquantenaire de Marin Marais

Après un premier disque consacré à (chez Accord, en 2002), et en cette année 2006, décidément prolixe en anniversaires prestigieux, Marianne Muller et son ensemble Spirale nous proposent cet enregistrement qui coïncide ( ?) avec les 350 ans de la naissance du musicien. Un personnage fascinant, figure marquante de la viole de gambe dans notre histoire de la musique et dont chacun connaît, depuis quinze ans maintenant que le beau film d'Alain Corneau (Tous les Matins du Monde) l'a mis en lumière, le passionné et passionnel apprentissage chez Monsieur de . Louant l'exceptionnel interprète, on lui reconnaît aussi les talents du compositeur, formé sous l'aile de Baptiste (J. B. Lully) et l'on ne peut qu'admirer la constance de son engagement : quelque quarante-cinq années passées au service de la Cour !

Brillant, précieux et délicat interprète en même temps que technicien (la fameuse septième corde de la basse de viole) et théoricien de l'instrument (de ce point de vue, il est le pendant français de l'anglais Christopher Simpson), on lui doit, en particulier, un nombre impressionnant de pièces de viole (environ 500, en cinq livres).

Des pièces retenues pour le présent enregistrement, les trente-deux variations sur le thème des Folies d'Espagne sont les plus connues – et les plus souvent enregistrées –. Plus originales nous semblent la Suite en mi mineur (elle aussi extraite du Livre II), dont on entend le plus souvent, et isolément, la dernière « page » : le Tombeau de Monsieur de , et Le labyrinthe (extrait de la Suite d'un goût étranger du livre IV), dans les allées duquel on se perd volontiers, séduit par le timbre irrésistiblement accrocheur des basses de viole et par le jeu délicat d'un continuo subtil et raffiné. Si l'on a connu Folies plus enivrantes (par exemple ) sur le plan des contrastes de caractère ou sur celui de l'allant et de la légèreté dans les parties véloces, la gamme des coloris déployés ici par Marianne Muller et ses complices de Spirale est de toute beauté ; et les deux Sarabandes centrales de la Suite en mi nous touchent tout autant que le chromatisme éploré du Tombeau sous des archets savamment désolés. La prise de son, légèrement réverbérée, favorise intentionnellement ( ?) les basses.

En même temps qu'un hommage rendu au maître-gambiste du Grand Siècle, ce disque, par la volonté de Marianne Muller, est dédié à la regrettée violiste Sophie Watillon, prématurément disparue il y a tout juste un an. De cette délicate et confraternelle attention, nous lui saurons gré.

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