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Un Roméo féminin?

Depuis de nombreuses années, le Festival della Valle D'Itria à Martina Franca s'est forgé une réputation internationale en présentant au public des œuvres rares, notamment du répertoire lyrique du XIXe siècle.

Si, dans certains cas, il ne s'agit pas de raretés absolues, ce sont au moins des versions inédites. Grâce à une coopération étroite avec le label Dynamic, ces redécouvertes sont souvent publiées en disque.

C'est le cas de I Capuleti e i Montecchi, opéra enregistré sur le vif en août 2005 dans une version présentée pour la première fois à la Scala de Milan en 1830. Malheureusement, la notice ne nous donne que très peu d'indications sur cette version. Dans un article signé par , directeur artistique du festival, nous apprenons seulement que Bellini « avait apporté d'importantes variantes » à son opéra, que le rôle de Lorenzo avait été transcrit pour ténor et que le compositeur avait désormais imaginé « un Roméo profondément féminin, ardent et imposant, mais aussi langoureux, sensuel et souple ». Un Roméo féminin ? ? Ce paradoxe aurait demandé plus d'explications.

Ainsi, sans avoir la partition sous les yeux, l'auditeur ne parvient nullement à reconnaître l'importance des modifications. Certes, la musique de Lorenzo a été transposée, mais il s'agit toujours d'un rôle secondaire. Roméo évite quelques attaques graves, mais le personnage ne devient pas pour autant féminin – et fort heureusement. Au contraire, la jeune soprano s'avère une interprète tout à fait remarquable. Vocalement sans failles, au timbre rond et charnu, elle est convaincante à la fois dans les moments héroïques et dans les passages élégiaques de la partition. Et le ré suraigu qu'elle ose à la fin de la cabalette du premier acte renforce encore le caractère guerrier de cette pièce. Dommage que la notice ne donne aucune indication biographique sur les artistes – nous aurions aimé en savoir plus sur cette chanteuse prometteuse. Le deuxième atout de cet enregistrement, c'est la Giulietta de . La beauté un rien fragile de son timbre, son savoir-faire technique et stylistique ainsi que l'intensité émotionnelle de son chant font d'elle une représentante idéale du rôle. Malheureusement, le reste de la distribution est d'un niveau bien inférieur : (Tebaldo) paraît un étudiant doué de deuxième année de conservatoire, (Capellio) a du mal à projeter sa voix et (Lorenzo) souffre d'un timbre ingrat.

Belle surprise en revanche, en ce qui concerne la direction musicale : – Monsieur Ciofi dans la vie, et jusqu'ici complètement inconnu du grand public – fait preuve d'une grande affinité avec le répertoire belcantiste. Au pupitre d'un Orchestra Internazionale d'Italia très digne, il nous offre une lecture tour à tour incisive et romantique faisant ainsi de ce CD, somme toute, une belle réussite.

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