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Gioconda aux Arènes

Les enregistrements de La Gioconda n'encombrent pas les bacs, et c'est regrettable au regard de l'habileté mélodique et de la qualité d'instrumentation d', ainsi que de sa capacité à tirer profit des situations dramatiques.

Il souffre, au même titre que Mercadante avant lui et que Giordano pour la génération suivante, de l'absence de curiosité du public francophone pour lequel la production lyrique italienne post-baroque se résume à cinq compositeurs, à tel point que la récente production niçoise et wallonne a fait figure d'évènement. Rien de tel en Italie où l'œuvre s'est maintenue au répertoire, où l'on n'hésite pas à goûter le grand spectacle troussé par Boito et le compositeur, et à affronter le défi de six rôles principaux exigeant des chanteurs de grand format. Aussi réjouissons-nous de cette nouvelle captation réalisée l'été dernier aux Arènes de Vérone.

Le lieu ne se prête hélas guère aux demi-teintes et impose une lecture plus claironnante qu'intimiste. évite toutefois le piège du tapage racoleur pour une lecture sans mystère, probe et efficace. Rien de particulièrement subtil, mais le chef mène la représentation à bon port, maîtrise le rythme et la couleur, soigne la Danse des Heures et enlève les finals avec une sympathique énergie. On retrouve la même efficacité chez les chœurs ainsi qu'au niveau de l'orchestre, en dépit de quelques incertitudes chez les vents.

, voix généreuse aux registres arrogants, trouve au 4e acte le juste engagement dans le rôle titre, tandis qu', habituée du rôle de la Cieca, s'en remet à quelques effets de grave pour ponctuer une prestation moyennement habitée. Moins satisfaisante, Ildiko Komlosi affiche, comme dans sa Vénus parisienne, un timbre pulpeux mais un instrument d'une excessive instabilité qui dessert le personnage de Laura.

Sans prétendre aux sommets, rend une copie méritante dans Barnaba, qu'il pare d'une noirceur intelligemment dosée. , en Alvise, a du creux et de la noblesse, mais le héros de la soirée se nomme . Ce ténor au timbre généreux et à l'aigu percutant, mais parfois chiche de nuances, apparaît sous son meilleur jour en Enzo avec une qualité d'émission et une fierté d'accent qui suscitent l'enthousiasme. Son « Cielo e mar ! » éclatant constitue le sommet incontestable de la soirée.

Pour le ténor et pour les grâces de la partition, voici une captation sur laquelle il serait dommage de faire l'impasse.

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