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L’esthétique de Pedro Burmester

Avanti confie deux grandes pages du piano romantique, la Fantaisie op. 17 de et la Sonate en si mineur de , à un pianiste dont nous ne savons pas grand-chose : . Cependant une telle lacune biographique ne saurait masquer la grande qualité de cet artiste au tempérament de feu, au jeu volontaire et sans concession.

Ainsi dans la Fantaisie que Schumann composa en 1836-38, il ne cherche pas le beau son pour lui-même, ne tente ni à arrondir les angles ni même à enjoliver le discours. Tout au contraire, il opte pour la passion effervescente, pour les limites dynamiques, pour un martèlement parfois à la frontière du désagréable, mais à proximité seulement. Il structure l'ensemble avec une assurance remarquable. Des qualificatifs analogues s'appliquent à la partition révolutionnaire en son temps que élabora en 1852-53 et dédia à Schumann. La formidable progression de cette partition maîtresse, sa carte de visite en somme, avec son avancée cyclique irrésistible, suit une logique faite de rigueur, de rugosité et de discipline. Burmester défend avec un rare talent ces opus illustrés par les plus grands (Nelson Freire, Martha Argerich, Claudio Arrau… pour la Fantaisie ; Arrau encore, Luisada, Horowitz, Pogorelich… pour la Sonate en si mineur) par le biais de tempos assez lents et d'une rudesse sonore que l'on oublie vite tant son avancée dans le déroulement de la partition appartient à une vision, certes quelque peu martelée et virile, mais totalement homogène et prenante, juste et brillante, jamais salonnarde, à peine romantique.

crée donc l'étonnement par son approche esthétique dure et sourde à tout épanchement émotif. Nous attendons avec impatience d'autres prestations éventuelles.

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