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William Walton: la preuve par trois

Cet enregistrement tente de mettre en évidence le talent protéiforme du compositeur anglais , un artiste du XXe siècle qui a décidé de demeurer très strictement dans les sillons de la tonalité. Trois œuvres sont ainsi présentées par le chef d'orchestre , grand admirateur du compositeur : un arrangement sous forme de suite d'une musique de film : Henry V ; une œuvre pour orchestre : le Concerto pour violoncelle et orchestre ; une œuvre de musique de chambre : la Sonate pour violon et piano.

La suite Henry V est un arrangement de la musique que Walton a signée en 1945 pour le film de Laurence Olivier. Des pièces graves – la lenteur éplorée de deux morceaux pour cordes : Death Of Falstaff et Touch Her Lips Softly and Part – succèdent à des pièces plus cérémonieuses, où se manifeste des qualités typiques de la musique de film de cette époque en plus de rappeler toute l'élégance de la musique britannique, ne serait-ce que par la façon dont sont traités les cuivres : une fanfare élisabéthaine qui ouvre sur la scène du Globe Playhouse où les acteurs jouent devant un public turbulent – Overture ; the Globe Playhouse –, les appels de cors dans une pièce illustrant avec panache la bataille d'Azincourt – Charge and Battle – un final grandiose, une marche aux cuivres avec des échappées virtuoses aux bois – Agincourt Song.

Le Concerto pour violoncelle et orchestre, composition en trois mouvements commandée par Gregor Piatigorsky en 1956, est moins convaincant : la direction étale de ne parvient pas toujours à rendre captivante une musique où les motifs virtuoses du violoncelle (improvisés par instants) risquent par nature de lasser l'auditeur. Dans l'ensemble néanmoins, cette œuvre « sombre » révèle les grandes qualités d'écriture de Walton. On ne peut être que conquis par la beauté poignante de ce motif aux bois qu'on entend en filigrane dans le premier mouvement, présence inquiétante qui après avoir été oubliée pendant tout l'Allegro réapparaît brièvement dans le dernier mouvement – pessimisme du compositeur ? Cet élément dramatique a sans doute impressionné le compositeur d'une célèbre musique de film : Alien, où l'on entend un motif analogue.

La Sonate pour violon et piano a été composée en 1949. Le livret du disque signale que le compositeur a sans aucun doute été influencé par la mort récente de sa maîtresse Alice Wimborne. Cette sonate très expressive est en effet dominée par le sentiment de mélancolie, par la douleur, que la mélodie, objet de nombreuses variations, ne fait qu'amplifier : des éclaircies trompeuses peinent à évacuer la vive impression que suscitent d'autres moments pensifs, fondés sur des motifs répétés aux harmonies très subtiles, marqués de manière patibulaire. On peut saluer ici l'interprétation de deux interprètes de choix : Ann Schein au piano, Herbert Greenberg au violon.

Bernard Rands quant à lui signe une œuvre impressionniste et méditative qui conclut en beauté le premier disque. Ces trois chants sans paroles sont courts, intenses et envoûtants : un sublime contrepoint à l'écriture plus franche de Walton. Ces sept minutes suffisent à justifier l'achat du coffret.

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