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Magdalena Kožená chante Mozart

On n'en finit pas avec cette année Mozart : après Virgin, c'est au tour de Deutsche Grammophon de nous offrir son florilège d'airs mozartiens. Il y eut d'abord Anna Netrebko et consorts, voici à présent , en attendant Bryn Terfel. Le programme, plutôt tourné vers les rôles de soprano en fait, n'offre rien de très original à part un air alternatif au « Deh vieni non tardar » des Noces pour la reprise à Vienne de 1789 – déjà enregistré plusieurs fois – ou une version de « Voi che sapete » ornée assez maladroitement par un certain Domenico Corri.

On sait les affinités mozartiennes de Magdalena Kozená. Le timbre est velouté, plein, jamais agressif, l'aigu aisé, le chant soigné même si l'articulation de rythmes paraît parfois un peu heurtée et la prononciation floue. Mais l'expression reste introvertie et peu ardente : comique, tragique, ou dans cet entre-deux si difficile et qui appartient au seul Mozart, les tons se confondent avec quelques sursauts bien venus dans les airs sérias. Manquent la chair et le sourire, la lumière, la vie des tenues, un au-delà de l'émotion, comme si la chanteuse ne se laissait jamais aller à l'effet dramatique de l'instant, vécu ou fabriqué – voir Schwarzkopf. Le chant reste instrumental, et à cet égard de belle venue, là où l'on attendrait un véritable portrait psychologique ou émotionnel des personnages abordés.

L' sonne beau, rond dans une acoustique mœlleuse, baroque juste ce qu'il faut pour faire moderne sans froisser les oreilles délicates, un peu comme ces quatre-quatre germaniques qui font rêver de grands raids les bourgeois pusillanimes sur le chemin de l'hypermarché, avec tout de même intérieur cuir et clim'programmable. Le pianoforte discret et boisé de Joos van Immersel apporte la touche finale de la ronce de noyer sur le tableau de bord. Evidemment, pour les sensations fortes, on peut préférer une grande sportive façon Philharmonie de Vienne-Ferrari, ou le vrai tout-terrain un peu cabossé du Giardino Armonico-Land Rover sans suspension. Et semble parfois plus préoccupé de nous montrer qu'il a tout bien compris de Mozart que d'accompagner sa chanteuse et de respirer avec elle, d'où des coquetteries inutiles et un certain inconfort sur quelques airs pris un peu rapidement.

Le récital est fort plaisant, mais, malgré de belles photos très « Nous Deux-Intimité » du couple les yeux dans les yeux, on ressent un certain manque de complicité musicale et plus la volonté de bien faire que celle de bien vivre. Joli, mais un peu aseptisé.

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