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Il Rè pastore à Bonn, véritable bijou

Il Rè pastore – terne pastorale très Siècle des Lumières, interminable défilé d'airs da capo, œuvre mineure d'un génie à venir ? Mais non, oubliez vos préjugés ! Mise en scène et interprétée par une troupe jeune et enthousiaste, cette serenata en deux actes s'avère un opéra à la fois riche et vivant, un véritable petit bijou.

Le maître de ce plaisir s'appelle . Sa direction alerte et vibrante enflamme le formidable orchestre ainsi que les solistes. Hengelbrock est également responsable de la mise en scène aussi simple que pertinente. Dans un cadre très sobre, un groupe de jeune se réunit pour jouer à la comédie. L'un d'entre eux choisi une pièce au nom étrange : Il Rè pastore. Peu sérieux, mais très engagés, les jeunes gens se mettent au travail. Mais lentement, les sentiments se brouillent, les intrigues se superposent, jeu et réalité ne font plus qu'un. La petite pastorale devient ainsi précurseur de Così fan tutte.

La distribution est dominée par les trois femmes : d'abord, Tamiri au timbre corsé dont le panache laisse pressentir une Donna Elvira et une Fiordiligi ; ensuite, Elisa légère et pétillante, capable de suraigus lumineux, mais aussi de sublimes demi-teintes ; enfin, Aminta de rêve, au timbre riche en couleurs, superbe technicienne et merveilleuse interprète. Son grand air «L'amerò, sarò costante» est salué par une ovation bien méritée. Aux côtés de ses trois dames, les deux ténors pâlissent : campe un Agenore très engagé scéniquement et vocalement, mais chante trop dans le nez. Et les vocalises impressionnantes de Kresimir Spicer ne peuvent faire oublier un timbre sec et sans charme.

Mais ne versons pas de l'eau dans le vin. Le public à la fin s'est montré enthousiaste, heureux d'avoir pu découvrir cette production en provenance du festival de Salzbourg. Et nous n'hésiterons pas à l'avouer : nous le sommes aussi.

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