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Lalo transcendé par l’OPL

Le hasard a voulu que nous recevions, peu après le disque BIS, ce CD Cypres également tout entier consacré à , et ne différant, hormis bien entendu des interprètes, que de l'Ouverture du Roi d'Ys en lieu et place de la Suite de Namouna, ce qui nous permet de corriger par la même occasion une omission quant au nombre d'enregistrements de la belle Symphonie en sol mineur.

Nous ne reprendrons pas ici les quelques lignes biographiques concernant Edouard Lalo, mais confronter par ailleurs les interprétations des mêmes œuvres est passionnant, et disons-le d'emblée, la comparaison, loin d'être déshonorante pour les Malais, est à l'avantage des forces liégeoises, en précisant que les conceptions des deux chefs diffèrent sensiblement. Dans le Concerto pour violoncelle et orchestre en ré mineur (1876), par rapport à Torleif Thedéen, le jeu de , soliste principal du Philharmonia Orchestra londonien, peut se comparer plus encore à celui de Pierre Fournier par son velouté chaleureux et sa subtilité poétique ; lui apporte un soutien très sensible et parfaitement dosé et équilibré, ce qui n'est pas toujours évident dans les œuvres concertantes mettant à l'honneur le violoncelle.

La Symphonie en sol mineur (1886) voit en un interprète plus romantique, plus passionné que le Hollandais Kees Bakels plus classique dans sa vision de l'œuvre. Un moment révélateur est le Trio du deuxième mouvement Vivace faisant office de Scherzo : il est bien plus mystérieux, voire inquiétant chez que chez Kees Bakels ; le splendide Adagio est lui aussi admirablement exécuté. La Symphonie en sol mineur de Lalo, si elle n'a pas l'ampleur de ses deux contemporaines (celle de Franck et la Symphonie «avec orgue» de Saint-Saëns), n'en est pas moins une œuvre inspirée évoquant parfois l'Ouverture du Roi d'Ys (1888), aussi Jean-Pierre Haeck et l'Orchestre Philharmonique de Liège ont-ils trouvé tout naturel de conclure ce concert Lalo par cette Ouverture. L'auditeur désireux d'entendre ce disque tel un concert pourra bien évidemment programmer son lecteur dans l'ordre plus traditionnel OuvertureConcertoSymphonie, mais s'il l'écoute tel quel, la conclusion par l'Ouverture du Roi d'Ys est une apothéose en soi qui convient parfaitement, peut-être mieux d'ailleurs que l'Allegro final un peu timide de la Symphonie, et cette apothéose est idéalement amenée et maîtrisée par Jean-Pierre Haeck et ses forces liégeoises, en une version digne de celles d'un André Cluytens ou d'un Jean Martinon.

Si les versions BIS et Cypres ont finalement des qualités complémentaires (Bakels et son Orchestre Philharmonique de Malaisie plus internationalement neutres et classiques ; Haeck et l'Orchestre Philharmonique de Liège plus engagés, fougueux, vibrants et romantiques), le mélomane choisira en fonction de son tempérament et peut-être du couplage (la Suite de Namouna ou l'Ouverture du Roi d'Ys). Quant à l'auteur de cette chronique, il avoue bien humblement avoir une préférence pour la version Cyprés liégeoise.

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