Le label Chandos se lance dans une intégrale des poèmes symphoniques de Franz Liszt. L'entreprise est salutaire car les intégrales de ces œuvres n'encombrent pas les bacs des disquaires : les sommes gravées par Bernard Haitink (Philips) et Kurt Masur (EMI) datent de près de trente ans, alors que les disques plus récents d'Arpáad Jóo pour Hungaroton (diffusion Brilliant) se disqualifient d'eux même. On était donc impatient de jauger l'un des chefs d'orchestre les plus prometteurs de la jeune génération dans l'un des chefs d'œuvre de la musique romantique : la Faust Symphonie. Il faut tout d'abord signaler que Noseda utilise malheureusement la version originale de la partition qui exclut l'imposant final vocal composé lors d'une révision ultérieure. Extrêmement développée, la pièce a attiré de nombreux chefs d'orchestre pour des résultats bien mitigés. Aux côtés de musiciens aussi prestigieux qu'Ernest Ansermet, Eliahu Inbal, Georg Solti, Simon Rattle, Riccardo Muti, Daniel Baremboim, Jacha Horenstein, le grand Léonard Bernstein est le seul à transcender cette musique hors du commun. Depuis sa parution, cet album DGG enregistré en 1976 est la référence absolue dans cette œuvre. Face à un tel prédécesseur, Noseda ne démérite pas. Il ose des tempi rapides, il gère à merveille la progression dramatique et les nombreuses transitions thématiques. Pourtant, il manque à cette belle version, la maîtrise et le punch de Lenny, surtout dans les passages lents.
En complément de ce généreux album, on retrouve Du Berceau jusqu'à la tombe, le dernier poème symphonique de son auteur. Composée entre 1881 et 1882, cette œuvre s'inspire d'une gravure du peintre hongrois Mihály Zichy. D'une orchestration à la fois massive et assez limpide, la partition trouve en Noseda un serviteur de premier ordre attentif à l'équilibre de l'instrumentarium.
Tout au long de ce programme, le BBC Philharmonic de Manchester est techniquement excellent, à défaut de posséder des timbres caractérisés. On regrette aussi une prise de son assez flasque et manquant de relief. Pourtant ce disque confirme le talent de Gianandrea Noseda et il faudra être attentif à la suite de ce projet.