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Jean-Guihen Queyras, sincère et passionnant

Orchestre Philharmonique de Liège

Les cordes de l'OPL sont exceptionnelles, en témoigne la Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis de Vaughan Williams programmée en ouverture de ce concert. La pièce développe une intéressante architecture autour d'un air de Tallis composé en 1567, le confiant d'abord à un large orchestre de cordes avant que ne réponde à cette formation un ensemble de neuf musiciens placé à l'arrière de la scène. Plus loin dans la partition, l'orchestre principal pourra s'éclipser, donnant alors la parole à un quatuor formé par les premiers solistes. Spatialement, le résultat est passionnant : les formations s'échangeant élégamment leurs phrases ou se répondant en créant une sensation d'écho tantôt crépusculaire, tantôt luminescent. dirige avec soin la phalange liégeoise, mais avant la performance d'un chef, c'est indéniablement le travail et la subtilité de chaque instrumentiste qui force le respect. L'altiste Ning Shi se distingue une nouvelle fois par ses qualités de chef de pupitre.

La deuxième révélation de ce concert se nomme , violoncelliste capable de s'approprier une œuvre, de proposer une interprétation sincère sans jamais glisser dans l'excès ou les effets spectaculaires. Dans le populaire Concerto pour violoncelle de Dvorak, chef et soliste savent se montrer audacieux. La sonorité de Queyras est limpide. N'écrasant jamais les forte, le musicien nous offre un jeu alliant finesse et fougue maîtrisée. Si l'accompagnement d'un soliste demeure un exercice difficile pour tout orchestre, (la qualité d'écoute entre les différents pupitres s'est montrée moins pointue qu'à l'ordinaire), la prestation en demeure néanmoins tout à fait honorable. Il ne manquait guère qu'une pointe d'orgueil supplémentaire notamment dans le troisième mouvement pour obtenir « le » concerto d'exception. Queyras, chaleureusement applaudit après cette prestation, illustre sa passion pour le répertoire contemporain par une des Strophes sur le nom de Sacher de Dutilleux en guise de bis, où viennent briller pizzicati et harmoniques, puis prend congé du public avec la Sarabande de la Suite pour violoncelle n°5 de Bach.

En pièce de résistance de ce concert venait la Symphonie n°5 de . Il est des chefs dont les lectures sont régulièrement qualifiées « d'analytiques », où une précision métronomique et l'intelligibilité de tous les pupitres permettent une compréhension aisée de la partition. Le travail de confronté à la musique de Sibelius est de cette veine. Mais ce souci de lisibilité pèche par instants par une certaine aridité. Les thèmes s'articulent plus difficilement, peinant à matérialiser la construction savante élaborée par le compositeur. Le troisième mouvement se montre brillant, notamment grâce à un pupitre de cors en très grande forme, d'une homogénéité rarement égalée, idéal pour clore ce concert avec panache.

nous avait déjà convaincu il y a deux ans dans la Symphonie en trois mouvements de Stravinsky rigoureuse et stylée. Cette nouvelle soirée de qualité ne peut que nous amener à espérer d'autres rencontres avec le chef britannique.

Crédit photographique : © Yoshinori Mido

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