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Ballades de Brahms et Chopin par Cédric Tiberghien

La quête musicale et la recherche esthétique ne font qu'un chez les géants de la composition et ce n'est pas cette nouvelle livraison due à Harmonia Mundi qui en contredira l'exactitude. En intitulant leurs pièces pour piano « ballades », aussi bien que offrent une clé pour interpréter leurs inaltérables partitions dévolues à leur instrument de prédilection, le piano bien sûr. L'un et l'autre, par le biais de la ballade, comme on sait pièce inspirée de la littérature, en portent au firmament les délicates et poétiques stigmates tout en charmant sans faille ni faiblesse les instrumentistes de tous les niveaux et les auditeurs de tous les continents depuis plus d'un siècle et demi.

Après tant d'autres enregistrements inoubliables vient le tour de avec une gravure magnifique confirmant un tempérament musical abouti. Ce surdoué, issu du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et déjà bardé de nombreuses expériences, confirme toutes les espérances formulées lors de ses précédentes réalisations discographiques consacrées notamment à Bach, Beethoven et Debussy.

Son jeu clair et débarrassé de fioritures parasites, son ardeur juvénile bien placée, la floraison de ses idées, cependant en conformité avec la lettre et l'esprit de Chopin et de Brahms ainsi que les effets de couleurs et de timbres le placent immédiatement parmi les plus grands. Les quatre Ballades de Chopin sont traitées avec subtilité et luminosité et à chaque page se font l'écho brillant de leur caractère romantique. Tiberghien suggère autant qu'il décrit et parvient à nous faire palper ce sentiment d'infini, de fragilité et en même temps d'affirmation d'une joyeuse immédiateté. La Première Ballade en sol mineur (1831-1835) reçoit un traitement particulièrement réussi. Le jeu assuré et le déroulement inspiré de Tiberghien, soutenus par une technique sans faille, un bon goût affirmé et un savant dosage du rubato, contribuent à une réussite rare. Les trois autres Ballades conçues entre 1836 et 1842 exercent elles-aussi leurs charmes indéniables. Les Ballades de Brahms de peu postérieures (1854), au nombre de quatre également, mais appartenant au même opus 10, reçoivent à leur tour une lecture n'éveillant que des éloges grâce à une grande lisibilité et un naturel qu'il convient ici encore de souligner.

Ce beau CD, homogène et habité, gagne aisément une place éminente au sein d'une discographie pléthorique. Il devrait sans grande difficulté parvenir à convertir un public nouveau à ces musiques enivrantes et éternelles.

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