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Sir Colin Davis sous les lumières nordiques

Créé en 2004 par Günter Hänssler, le label Profil se spécialise particulièrement dans la réédition d'enregistrements de quelques grands artistes du XXe siècle. Ce nouvel opus nous offre la joie de redécouvrir Sir à la tête de la dans un de ses compositeurs fétiches : . En attendant l'arrivée prochaine de la Symphonie n°2 par le LSO, ce disque remet au goût du jour la grandiose symphonie du compositeur finlandais dans un enregistrement effectué en 1988 au Semperoper de Dresde.

Ce qui frappe d'emblée dans cet enregistrement, c'est la prise de son, qui joue admirablement bien en faveur de la puissance et de la virilité orchestrale. Les sonorités brutes et presque primitives des cuivres sont glaçantes, les vents caverneux, les cordes aérées, Davis insistant sur le côté mystérieux, austère et sombre de la musique de Sibelius dans les mouvements précédant la lumière éclatante du final triomphant.

Sibelius est sans doute le dernier des romantiques tardifs, un compositeur qui, malgré son admiration pour Bruckner, Tchaïkovski et d'autres, s'est forgé un style très personnel dès ses premières œuvres, avec une musique d'une créativité très riche et singulière, inspirée à la fois du mystère de la nature et de la mythologie nordique. Ce qui est tout à fait fascinant et révélateur de l'originalité de Sibelius, c'est que son premier poème symphonique, En Saga, n'ait en réalité aucun fondement littéraire ; il s'agit d'une pure inspiration évoquant un univers magique et imaginaire. C'est une œuvre de jeunesse dans laquelle on entend déjà des sonorités impressionnistes qui annoncent curieusement l'univers de Ravel, son Daphnis et Chloé notamment, même si chez Sibelius l'idéologie et l'inspiration restent romantiques.

Les interprétations d'En Saga et de la cantate Luonnotar que nous proposent ici Sir et la datent de 2003, soit 15 ans après la Symphonie n°2. On y retrouve la même qualité de jeu et de prise de son, même si on est un peu sceptique vis-à-vis de la prestation d'Ute Selbig dans Luonnotar, dont on ne critique pas les qualités vocales incontestables, mais plutôt le timbre de voix et le style de chant, inappropriés selon nous pour cette œuvre tout à fait unique et glaçante de Sibelius. Mais cela reste un disque tout à fait recommandable pour ce qui est des deux œuvres orchestrales, desquelles Davis tire toutes les merveilles.

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