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Oh, malheureuse Zaïde

Zaïde, premier singspiel de Mozart, reste une partition encore assez méconnue mais surtout énigmatique.

Retrouvée en 1799, par la veuve du compositeur dans les papiers de son défunt mari, la partition de Zaïde se borne à quinze numéros. La pièce est considérée comme un fragment car il y manque les dialogues récités indispensables à un singspiel du XVIIIe siècle.

Antérieure d'une grosse année à l'Enlèvement au Sérail avec lequel elle partage une même inspiration orientale, la genèse de Zaïde reste obscure. L'œuvre ne fut jamais représentée du vivant du compositeur et Mozart lui-même reconnaissait que la pièce était fort éloignée des goûts du public, entre autre, à cause d'un déséquilibre entre les textes parlés et chantés. La partition ne fut créée qu'en 1876 à Francfort et depuis, toute nouvelle tentative d'exécution se heurte à l'absence de lien entre les parties musicales.

Lors du récent Festival de Salzbourg, la direction du festival avait commandé à la compositrice israelienne Chaya Czernowin une partition nommée Adama qui se mêlait à la musique de Mozart. Les résultats, franchement médiocres, ne faisaient qu'attiser un infini ennui. Pour cette exécution de concert, à fait appel à Tobias Moretti qui a écrit un texte reliant les morceaux musicaux. La démarche peut être intéressante en concert, mais elle se révèle rébarbative au disque en raison de la longueur des interventions parlées et de la nature du texte, réservé aux seuls germanophones émérites.

Musicalement c'est pourtant une véritable fête car Harnoncourt sait tirer des moindres notes, les plus intéressants contrastes et les plus belles nuances. La distribution vocale est de très haut vol, essentiellement grâce aux interventions de la fascinante en Zaïde et du virtuose en Osmin. On sera plus réservé sur un musical, mais une fois encore plutôt fâché avec les aigus. Rudolf Schasching est lui un peu trop envahissant en Soliman.

Cette version remise musicalement très loin derrière les autres tentatives conduites par Bernhard Klee (Philips), Leopold Hager (Orfeo) et Paul Goodwin (Harmonia Mundi). On se précipitera donc sur ce coffret en espérant une réédition amputée de ces dialogues.

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