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Un triomphe pour le Danilo de Thomas Mohr dans La veuve joyeuse

Qu'est-ce qui fait la différence entre une production solide et professionnelle et une interprétation qui marque les esprits? 

C'est la question qui s'impose en sortant d'une Veuve Joyeuse où rien (ou presque) n'était vraiment mauvais, mais où très peu était vraiment passionnant. Contrairement aux habtte. transpose l'action dans les années 1950 ce qui – mis à part de superbes robes pour les dames – n'apporte strictement rien, mais ne fait pas de mal non plus. La caractérisation des personnages et la direction des acteurs sont tout à fait justes, mais assez conventionnelles, et n'évitent pas l'effet de déjà-vu. Le texte est à peine dépoussiéré, les quelques allusions actuelles ayant un caractère plutôt fabriqué.

La chorégraphie en revanche – le programme ne mentionne pas de chorégraphe, mais seulement un assistant à la chorégraphie – est franchement décevant. Rarement a-t-on vu un ballet des grisettes aussi fade.

Et la musique ? L'impression est également mitigée. Au pupitre d'un Gürzenich-Orcherster très routinier, livre une lecture solide, mais assez sommaire, couvrant parfois les chanteurs, et manquant de ce brio très spécial qui fait le charme de l'opérette viennoise. A propos de charme : ce n'est pas ce qui caractérise le plus notre riche veuve, incarnée par . Si, à son entrée, les hommes tombent à ses pieds, ce ne peut être dû qu'à ses 20 millions, tant elle manque de glamour et de séduction. Vocalement, malgré un timbre plutôt quelconque et un aigu assez métallique, elle tire son épingle du jeu, notamment avec de beaux piani dans la fameuse chanson de la Vilja. Elle est pourtant déclassée par la pétillante Valencienne d', au timbre lumineux et la diction plus présente, mise en difficulté seulement dans la scène des grisettes, trop grave pour elle. Côté hommes, passons sous silence la contre-performance de , Rossillion à l'émission serré, pour saluer le formidable Danilo de . Cet ancien baryton, s'appropriant actuellement des rôles de ténor dramatique, trouve ici un emploi idéal pour ses moyens. Graves bien appuyés, médium puissant, aigu facile – sa prestation vocale est sans failles. De plus, Mohr fait preuve d'une extraordinaire présence scénique faisant de ce Danilo LE personnage central de l'opérette. Parmi les rôles secondaires nous avouons notre déception face au Njegus sans relief de (pourquoi confier ce rôle parlé à un chanteur ?). Le vétéran , en revanche, sait compenser l'usure inévitable des moyens par une prestation scénique de première classe.

Que nous apporte donc cette Veuve, plus sage que joyeuse ? Peut-être l'énième preuve que le genre comique est extrêmement difficile à réussir. Et partant de ce postulat, cette production peut conter parmi les réussites de l'Opéra de Cologne.

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