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Idomeneo de flamme et de classe, Magdalena Kožená d’anthologie

Le projet Mozart 22 permet de retrouver en DVD l'un des sommets de l'intégrale des opéras de Mozart proposée au Festival de Salzbourg 2006. Cette production était l'une des rares à justifier le prix exorbitant des places : des stars du chant, une mise en scène quasi-légendaire, et un grand chef d'orchestre. En résumé, sur le papier, c'est Salzbourg comme on le rêve !

Mozart semble être le compositeur qui réussit le mieux aux Hermann. Ils comptent parmi les rares metteurs en scène à rendre grâce aux subtilités et aux finesses du génie Mozartien, sachant allier la légèreté et la profondeur. Leur travail sur Idoméneo est proprement sans égal, et il n'y a qu'à le comparer avec le triste spectacle de Luc Bondy présenté en décembre dernier à l'Opéra de Paris pour saisir le niveau atteint ici par les Hermann. Dans un décor abstrait, blanc et minimaliste, les personnages atteignent un rare degré d'intensité dramatique. Pas besoin de vidéo ou de costumes modernes pour suggérer les sentiments à l'image d'un air d'Elettra « Tutte nel cor vi sento » proprement extraordinaire de tension et d'engagement, simplement animé des expressions physiques de la chanteuse. Les scènes d'ensemble sont réglées avec le même talent. Comme d'habitude les costumes sont stylisés et esthétiques à l'extrême : long manteau double face pour Idoménée, grande robe rouge pour Elletra, palettes de couleurs réduites à des couleurs primaires aux tons francs. Sur ce décor d'un blanc immaculé, les costumes sont un véritable festival visuel.

Côté musique, on reste sur les plus hauts sommets. À la tête d'une Camerata Salzbourg aiguisée, aux sonorités chaleureuses et soignées, est le maître de cérémonie idéal. Sa direction narrative et tendue est incandescente tout en s'avérant analytique, le chef faisant jaillir de multiples détails de l'écriture mozartienne. Très rare à la scène, livre une prestation d'anthologie. Par son timbre magnifique et son engagement dramatique, la mezzo incarne un Idamante à l'humanité bouleversante. Pour ses débuts scéniques sur les planches salzbourgeoises, le ténor s'impose d'emblée comme un Idomeneo majeur : le timbre est irradiant et le charisme scénique total. Son air « Fuor del Mar », chanté avec toutes les vocalises déchaîne l'enthousiasme du public. Etoile montante des maisons d'opéras allemandes, est magistrale : la voix est d'une beauté peu commune, alliant la puissance à la musicalité. Le charisme de cette chanteuse transporte proprement le spectateur, autant dans les deux airs colériques des Actes I et III que dans celui, ensorcelant, de l'Acte II. Au fil de ses apparitions, la belle ne cesse de nous combler par une technique parfaite et un timbre chaleureux. est un très bon Arbace, tout comme (un Gran Sacerdoce) et (la Voce di Nettuno). Le Salzburger BachChor, bien préparé par Alois Glassner, se révèle très homogène.

Le fini accordé à la réalisation est un atout supplémentaire pour ce spectacle historique qui marque incontestablement l'histoire des productions d'opéras de Mozart et qui saura ravir tous les publics.

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