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Rêves d’hiver

La saison russe continue

La saison de l'OPL fait une très large part à la musique russe : le festival Ballets Russes est attendu pour mars, et auparavant, Chostakovitch et Tchaïkovski ont été très présents dans la programmation. On peut également citer dans ce panorama l'intégrale de quatuors de Chostakovitch qui suit son cours sous les archets du Quatuor Danel. Le concert du 25 janvier était encore cent pour cent russe, avec Borodine, Rachmaninov et Tchaïkovski, sous la baguette d', jeune chef britannique, futur directeur musical de l'English National Opera, qui dirigeait là l'OPL pour la seconde fois.

Avec ses mélodies envoûtantes et son ambiance rêveuse, Dans les steppes de l'Asie centrale constitue un très beau début de programme, et une belle occasion pour les solistes de l'harmonie, très en verve, de se mettre en valeur. Dommage que ces steppes soient si arides et si froides, par la faute de la direction raide et pressée d'. Le chef se contente de battre la mesure, sans parvenir à créer le climat nostalgique et mystérieux qu'appelle cette pièce.

Heureusement, la suite est bien meilleure, et on sent une réelle complicité s'installer entre le chef et les membres de l'orchestre. Le début de la Rhapsodie sur un thème de Paganini est certes assez brouillon, mais tout le monde se reprend vite pour en donner une lecture lumineuse, aiguisée et tout à fait excitante. Le soliste, , est un pianiste au jeu délié et sensible, qui ne se contente pas de broyer de l'ivoire, et qui cherche avant tout à faire chanter son piano avec légèreté et poésie, mais sans aucun sentimentalisme. L'orchestre est bien mené par un chef qui laisse respirer la musique, et qui donne les coudées franches à un pianiste avec lequel il s'entend parfaitement bien.

Le premier mouvement de la Symphonie n°1 de Tchaïkovski n'est pas inoubliable : un peu confus, froid et impersonnel. Gardner peine à habiter les transitions, et les rythmes manquent de tension et de pugnacité. Il va cependant se rattraper en donnant un extraordinaire Adagio cantabile, ardent et nostalgique, dans lequel il fait rivaliser d'expressivité les pupitres de l'orchestre. Hautbois et flûte font de la première partie du mouvement un véritable concerto, et les cors, rayonnant de maîtrise et de mœlleux, délivrent un grand choral sublime en seconde partie. Le Scherzo est assez inhabituel, bourru et rustique, alors qu'on l'entend généralement joué de manière plus fluide. Il offre un contraste amusant avec une valse centrale à l'élégance un peu guindée, comme si le chef organisait une confrontation entre la Russie des campagnes et celle des palais de Saint-Pétersbourg. Le finale de cette symphonie est typiquement tchaïkovskien, brillant, entraînant et virtuose, mais également bruyant et un peu creux. Gardner réussit le tour de force d'y être jubilatoire et conquérant sans trop verser dans le pompiérisme, et sans que les quelques longueurs et maladresses de ce mouvement soient trop perceptibles. L'orchestre y est encore une fois glorieux.

Après ce beau concert, très apprécié du public, l'OPL fait une pause dans sa saison. Plus de concert de l'orchestre à Liège avant le début des « Ballets russes » le 3 mars. Entre-temps, l'orchestre visitera Paris et le Festival Présences le 16 février, et d'autres ensembles seront invités à la Salle philharmonique.

Crédit photographique : © IMC Artists

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