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A programme varié, réussite variée …

Les musiques de Schumann et celle de Ravel sont bien différentes et le concert de ce 7 février en a été une bonne illustration. Moins tourmentée, plus facilement illustrative et évocatrice que d'autres œuvres de Schumann, la Symphonie « Rhénane » n'en demeure pas moins une œuvre difficile à réaliser, si on veut trouver le ton juste dans chaque mouvement, très différents entre eux, sans perdre la cohérence du tout, faire sonner son orchestre sans perdre la ligne directrice ni cafouillage, tout en obtenant un son dense, prenant, évocateur et romantique. Avec le Daphnis et Chloé de Ravel, c'est tout le contraire, c'est une merveille d'orchestration, la musique s'écoule avec évidence, il « suffit » de la jouer proprement pour que ça marche. Si on voulait être simplificateur, on dirait que pour rater un Daphnis il faut le faire exprès alors que pour réussir une Rhénane il faut se décarcasser.

Il était évident à l'écoute de ce soir que l'orchestre était bien plus à son aise dans Ravel que dans Schumann. L'équilibre orchestral schumannien, jamais facile à réaliser, n'était pas toujours au rendez-vous, en particulier par un manque d'assise dans les cordes graves, faisant pencher la balance systématiquement vers les violons. Et les grands passages tutti un peu « embrouillés » de cette partition sont parfois restés … un peu embrouillés. L'équilibre sonore montant a donné une interprétation plus claire et solaire (on pourrait dire « méditerranéenne ») que « Rhénane ». On ne sentait pas réellement le Rhin traverser la salle Pleyel ce soir. Réussite mitigée donc.

Le Concerto pour orgue de Poulenc suivait à la Rhénane avant l'entracte. Changement total de climat musical pour cette œuvre créée en 1938 par Maurice Duruflé sous la direction de Nadia Boulanger. Remarquons d'emblée que l'orgue sonnait fort et clair, les premiers accords, très dramatiques, étaient impressionnants. Etait ce dû à la position très haut placée, sur deux promontoires de chaque côté de l'orchestre, des enceintes chargées de diffuser le son de l'orgue ? Toujours est-il que cela fonctionnait fort bien. L'accompagnent orchestral était adéquat, vif, dynamique et allant, jamais confus – il y a pourtant quelques passages traîtres de ce point de vue qui furent fort bien négociés. , soliste du concerto, , le chef, ainsi que l'orchestre avec ses premiers pupitres sollicités en solistes, ont manifestement pris plaisir à jouer cette œuvre et cela s'est senti à l'écoute.

On pourra regretter que seules les suites n°1 et 2 de Daphnis et Chloé soient jouées ce soir tellement l'œuvre est belle et mérite d'être écouter dans son entier. Néanmoins ne boudons pas notre plaisir, cette merveille d'écriture, même réduite aux 2/3 reste une merveille, et les interprètes de ce soir l'ont fort bien servie.

Crédit photographique : © Studio Bonnardot

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