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Orchestre de la Radio de Stuttgart et Roger Norrington à l’assaut de Bruckner !

La présidence allemande de l'Union européenne amène, à Bruxelles, l'Orchestre de la SWR de Stuttgart. Affiche alléchante, tant le chef d'orchestre britannique semble s'épanouir à la tête de l'ancien orchestre de Celibidache, comme en témoignent les disques proposés par le label Hänssler.

Peu connu dans le monde francophone, le compositeur possède déjà un catalogue assez imposant issu des commandes des plus importantes institutions musicales allemandes dont la Philharmonie et le Rundfunkchor de Berlin. Ce Concerto pour orchestre en quatre parties est le nouvel opus d'une série où le compositeur exploite les possibilités concertantes d'instruments comme le trombone, le saxophone alto et la trompette. D'emblée, la pièce frappe par la maîtrise de l'orchestration et la beauté des climats. Le compositeur suggère des teintes parfois opaques, parfois lumineuses, le tout tirant l'orchestre vers le modèle bartokien. À l'inverse de nombre de ses contemporains, le créateur évite tout effet facile avec les inévitables débauches de percussion et d'instruments plus ou moins rares. Reprenant une nomenclature orchestrale de la fin du XIXe siècle, Jost écrit de belles parties pour les différents pupitres. On saluera en particulier celle des timbales tenues avec tact par Franz Bach. Fait très rare pour une création mondiale, le compositeur recueille de très chaleureuses acclamations.

La seconde partie offrait la très rare version originale de la Symphonie n°4 d'. Presque jamais jouée et enregistrée, cette édition souffre de la concurrence de celle de 1880 qui tire cette symphonie vers le chef d'œuvre. Cette première mouture propose d'ailleurs un matériau fortement différent dans les deux premiers et le dernier mouvement alors que le scherzo est, lui, entièrement autre. Présentant des qualités au niveau de l'orchestration et du développement thématique, la pièce est pourtant assez décousue et les tutti sont un peu trop généreux. Le scherzo, bruyant et répétitif, constitue même un véritable tunnel.

Connu pour ses relectures radicales du répertoire romantique, Norrington expérimente sur un orchestre moderne les acquis de la recherche en musicologie. Cela se résume en une lecture plus musicale que spirituelle, marquée par des tempi rapides et un refus épidermique de tout vibrato superflu. Il faut également s'habituer aux sonorités mates et âcres de l'orchestre allemand. Dès lors, et en dépit de la haute qualité des solistes de l'orchestre (extraordinaire Wolfgang Wipfler au cor), on s'ennuie quelque peu dans cette course à l'abîme souvent brutale, d'autant plus que le chef appuie avec joie sur les nombreuses dynamiques de cuivres.

Crédit photographique : DR

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