Après une brillante réussite dans la vaste fresque Kullervo du même auteur (lire ici, la chronique de cet enregistrement), Sir Colin Davis complète sa troisième intégrale de l'œuvre symphonique du maître finlandais par un bel album couplant la « fantaisie symphonique » La Fille de Pohjola et la Symphonie n°2.
Tirée, comme Kullervo, de la mythologie finlandaise du Kalevala, La Fille de Pohjola bénéficie des timbres grisés et mats, si caractéristiques de l'orchestre symphonique de Londres. Colin Davis en donne une lecture conquérante mais peu spectaculaire qui insiste sur l'inventivité du traitement orchestral.
Livrant sa quatrième prestation dans la symphonie n°2 (après les deux intégrales studio Philips avec l'orchestre de Boston, et RCA avec déjà l'orchestre symphonique de Londres, sans oublier le live à Dresde), le vieux chef s'impose comme le recordman des enregistrements de cette partition. Il y a peu à dire sur cette interprétation qui poursuit dans la veine d'un Jean Sibelius éloquent mais plutôt tragique. On se situe ici pas très loin des interprétations sans concessions et lapidaires de Georges Szell (orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam chez Philips ou en live avec l'Orchestre de Cleveland pour Sony), mais sans le côté « lave en fusion » de ces témoignages. Il manque juste à ce Sibelius un zeste de la luminosité que l'on retrouvait dans le récent enregistrement de Mariss Jansons (RCO Live). Il faut également regretter une prise de son assez étriquée au niveau de la restitution des timbres, sans doute imputable à la médiocre acoustique du Barbican Center.