- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Tamestit ose Dieu et le Diable…

Ligeti a eu beau se défendre de n'avoir fait aucune référence à Bach dans sa Sonate pour alto, n'a pas hésité, pour son premier disque solo, à faire cohabiter ce chef-d'œuvre aux accents diaboliques avec la rigueur divine de la Partita n°2 du Cantor… L'association est d'ailleurs loin d'être absurde, Ligeti ayant recours tout comme Bach à différentes danses populaires pour la structure de sa sonate, notamment une chaconne, et bien que différents, les langages musicaux de ces deux immenses compositeurs ont ceci en commun d'être extrêmement riches, émotionnellement, musicalement et techniquement parlant.

Bach à l'alto… voilà une originalité qui n'enlève rien à la profondeur et à l'expressivité de cette fameuse Partita n°2, bien au contraire, serait-on tenté de dire, tant l'émotion paraît s'intensifier dans la Sarabande et la Chaconne notamment, avec la sonorité plus chaude de l'alto, ses graves plus vibrants, plus charnels. Par son jeu limpide, son phrasé méticuleux, sa technique vertigineuse, démontre avec un immense talent combien l'alto peut magnifiquement bien prêter sa couleur si caractéristique à cet authentique joyau musical, habituellement prisé des violonistes…

Dans Ligeti, Tamestit est à son aise, relevant l'un après l'autre les défis démoniaques posés par le compositeur hongrois sur une partition des plus intraitables. En contraste avec les mouvements centraux, à la virtuosité plus exigeante (Loop, Fascar, Presto con sordino), le premier mouvement Hora lunga est un véritable concentré d'émotion qui exploite les sonorités les plus resplendissantes de l'alto jusque dans ses harmoniques les plus imperceptibles.

Au final, ce très beau premier disque solo d', récent lauréat des Victoires de la Musique classique avec une interprétation sublime du Concerto de Bartok, nous conforte dans l'idée qu'il s'agit incontestablement, là, d'un des plus grands altistes internationaux de demain…

(Visited 134 times, 1 visits today)