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Greetings from London : Instantané d’une vie brillante et passagère

Ce qui domine à l'écoute de cet enregistrement, c'est une note joyeuse et enlevée. Il en émane une grande fraîcheur et ce qui nous en donne la clé, c'est le titre de l'air Diverse Bizzarrie sopra la Vecchia Sarabanda ò pur Ciaccona. Ce disque s'écoute comme on regarderait un cabinet de curiosité. Ces ayrs (orthographe d'époque) composés pour animer les soirées entre ami(e)s de l'aristocratie et de la bourgeoisie anglaise, du début du XVIIe siècle à la première moitié du XVIIIe siècle, par des compositeurs de toutes origines (italienne, anglaise, allemande) et aux influences tout aussi diverses, nous dévoilent le cosmopolitisme de cette société et nous en livre un aperçu tendrement humaniste.

Le flûtiste autrichien Michael Oman et son ensemble « Oman Consort » s'en donnent à cœur joie sur les airs les plus dansants. La Gavotta con divisioni ouvre le bal : guitares baroques, percussions, flûte, tous les instruments chantent le bonheur de se retrouver. Michael Oman, nous fait redécouvrir le son pétillant de la flûte. Parmi ses interprètes, la violoniste nous offre une interprétation dynamique du violon baroque, nous entraînant dans une sarabande joyeuse et bondissante dans deux morceaux, de Nicolas Mattei, le premier déjà cité plus haut ou dans l'Arria burlesca con molte bizzarie.

Toutefois, l'interprétation un brin trop virile de l'ensemble, interdit à l'émotion de surgir d'un adagio, d'un Grave ou d'une Plaint. Remarquons aussi que le continuo est parfois alourdi par la présence trop marquée de l'orgue positif qui a tendance à écraser le jeu des autres instruments. Une certaine monotonie peut parfois s'installer, tant tous ces airs, faits pour danser, boire et manger, finissent pas se ressembler.

Le livret, quant à lui, nous laisse sur notre faim. Il manque de clarté (on ne trouve nulle part la date de l'enregistrement) et il n'est pas assez explicatif, malgré deux excellentes citations de Samuel Peppys (1633–1703), chroniqueur et observateur zélé de cette société anglaise. Il se (nous) perd dans une digression sur le Cyberespace et la place des Tamagotchis (!), voulant nous démontrer que cette quête du bonheur à tout prix, a forcément plus de valeur que des jouets électroniques ou le langage binaire. Mais en avait-t-on besoin ? La pochette, « so British » sur fond de logo du métro londonien aurait pu suffire à la petite note d'humour contemporaine.

Si ce disque n'est pas parfait, il vous apportera du moins, après une journée épuisante, une folle envie de rire et danser entre ami(e)s qui sauront apprécier le côté plaisamment entraînant et enthousiaste de cette musique et de ces musiciens.

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