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Le raffinement des mélodies selon Jean-Marie Leclair

A une époque où la musique vocale dominait, sous l'impulsion de cercles favorables à l'émancipation de la musique instrumentale qui entreprirent des concerts publics, et sous l'influence des genres italiens tels le concerto et la sonate, le violon – jusqu'alors instrument de baladin ! – put convenir de façon nouvelle au goût français. Ainsi précise bien la notice : « le style musical de Corelli, essentiellement contrapuntique, parfaitement structuré et équilibré, sobre, élégant et sans artifice superflu (…) trouva un écho favorable auprès de musiciens tels que ou Jean-Féry Rebel, qui s'ingénièrent à l'imiter et à en assimiler les principales caractéristiques. Finalement et comme partout en Europe, Corelli, par ses sons, enleva tous les cœurs » (Jean Serré de Rieux) ».

Le lyonnais , après une courte carrière de danseur dans sa ville natale, sous l'influence de l'enseignement du violoniste Somis, maître de l'école piémontaise de violon et ancien élève de Corelli, se destina à une activité d'instrumentiste. Applaudi à Paris et Versailles son jeu s'apparente à celui de Corelli, brillant et retenu, virtuose et raffiné. L'œuvre de Leclair pour violon soliste est considérable, comptant 49 sonates pour violon seul et basse, 12 pour deux violons sans basse et 12 concertos. Parfaite synthèse des styles italien et français, ses compositions, dont celles données ici, représentent l'idéal des « goûts réunis » chers à . A ce titre, les auditeurs se délecteront ici, entre sarabande et fugue, d'une interprétation alliant rigueur et spontanéité par un jeune quatuor prometteur ; interprétation enthousiasmante et conforme au style du maître-créateur de l'école française de violon, à la recherche du difficile équilibre entre virtuosité et grâce.

Au final, citons de nouveau la notice qui relève la spécificité du talent inventif de Leclair et qui transparaît si bien à l'écoute : « Il sut allier un contrepoint sobre et pur très corellien à une virtuosité passionnée héritée des continuateurs du violoniste romain qu'il côtoya (Somis, Locatelli) ; celle-ci n'est cependant jamais excessive, tempérée par des traits plus spécifiquement français, tels que la grâce de la mélodie et la délicatesse d'une ornementation précise et variée (…). »

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