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Foudre et tonnerre pour Philip Glass

Festival

accueillaient, pour la 4ème année consécutive, , dans un concert plutôt rare où le compositeur américain a interprété, seul au piano, quelques-unes de ses pages les plus personnelles. Assis dans l'intimité des vieilles pierres du petit théâtre gallo-romain de Fourvière, le public lyonnais, conscient du caractère unique de l'évènement, est venu en masse braver des conditions météorologiques tout sauf clémentes…

L'activité orageuse assez exceptionnelle de ces dernières semaines a fait bien des misères au fameux festival lyonnais en plein air, certains concerts ayant déjà dû être annulés, et les organisateurs n'étaient pas loin de reporter celui-ci… Mais c'était sans compter un public têtu et fantastique, en rien démotivé par les trombes d'eau qui s'abattaient sur eux, et un imperturbable et bien décidé à faire son concert !

Chaudement applaudi, Glass est arrivé sur scène pour annoncer la première pièce de son programme, Mad Rush composé en 1980, et à peine s'est-il assis au piano que le sombre ciel de Fourvière s'est illuminé d'une série d'éclairs orangés par la pollution lumineuse de la ville en contrebas. De puissants coups de tonnerre ont accompagné les premières minutes du concert, la pluie battant de plus belle, transformant la scène en une véritable île flottante…

Malgré ces terribles conditions, le concert s'est déroulé comme si de rien n'était, et le public, hypnotisé dès les premières et très belles modulations de Mad Rush, est demeuré dans un silence minéral, glacé par la pluie. Heureusement on avait pris soin d'amplifier le piano grâce à deux enceintes géantes, sans quoi il aurait été difficile d'entendre la musique. S'adressant en français au public, a présenté chacune de ses œuvres avant de les interpréter. On a ainsi pu entendre les Etudes, Four Metamorphoses, The Fourth Knee Play, Satyagraha et des extraits de A Musical Journey. Des œuvres typiquement minimalistes, qui présentent quasi-toujours le même schéma de composition. Des œuvres très belles et très originales, susceptibles de toucher un large public, mais qui manquent toutefois de variété, après tant d'éternelles répétitions. Parmi les œuvres figurant au programme, les Etudes, plus complexes, plus abstraites, étaient les pièces les plus récentes du compositeur, où l'on sent un désir de renouvellement dans la technique de composition imaginée par Glass dans les années 70.

En tant que pianiste, Glass est un artiste stoïque et concentré, et son magnifique toucher fait oublier ses quelques maladresses techniques. Il est en tout cas très émouvant d'assister à un concert où l'interprète est aussi le compositeur, surtout quand ce dernier s'appelle Philip Glass, et que malgré ses 70 ans, il n'a jamais été aussi actif et prolifique que maintenant, avec des créations mondiales prévues cette année encore. Espérons qu'il offrira aux spectateurs des Nuits de Fourvière, venus héroïquement défier la pluie pour lui, le bonheur de se produire à nouveau l'été prochain.

Crédit photographique : © Steeve Pyke

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