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La musique d’orgue de Mendelssohn par Olivier Vernet

C'est en 1970 que Guy Morançon nous faisait entendre pour la première fois l'œuvre d'orgue de (6 sonates et 3 préludes et fugues) grâce à un album de deux microsillons gravés sur le Cavaillé-Coll de Saint-Ouen de Rouen, pour le petit label Iramac. Véritable révélation d'une musique géniale, continuatrice de l'univers de J. S. Bach, alors proposée sous une très belle vision nettement romantique, par les registrations symphoniques, le choix de l'orgue et des tempos assez retenus. Peu de temps après, c'est Marie-Claire Alain qui proposera pour son label fétiche Erato, une intégrale élargie à de nouvelles pièces inconnues alors, sur l'orgue néo-baroque nordique de Ringstedt au Danemark. Son approche se situait dans une optique plus nettement classique, à l'instar des orgues de Gottfried Silbermann, joués par Mendelssohn qu'il affectionnait tout particulièrement, les mêmes que ceux joués par Bach lui-même (Rötha). Cela lui permit alors d'expliquer certaines registrations pour jouer Bach (Passacaille et fugue par exemple). La voix était ouverte : de nombreuses versions de cette œuvre verront ensuite le jour, dont par exemple récemment, celle de Jean-Baptiste Robin pour le label Triton, et utilisant ces fameux orgues de G. Silbermann.. Aujourd'hui, , assisté parfois suivant les pièces de , rassemble en un coffret de 3 Cds, la totalité des pièces connues à ce jour, avec en bonus-tracks (c'est une tendance) une transcription à 4 mains du Songe d'une nuit d'été, où figure la célèbre Marche nuptiale. Il est à ce propos intéressant de noter que toute cette œuvre d'orgue respire l'optimisme, la fête, et avec Félix, la cérémonie de mariage n'est pas très lointaine, d'où la célébrité de sa marche à cette occasion. L'une des sonates d'ailleurs sera écrite à l'intention du mariage de sa sœur bien-aimée Fanny.

Cette intégrale utilise deux orgues de tout premier plan : Le « Kern » de Masevaux, reconstruit à neuf durant les années 70, après l'incendie qui détruisit le précédent construit par les frères Callinet, et puis le tout récent « Aubertin » de St Louis en l'île à Paris. Confrontation au sommet de deux merveilles sonores, perfections de clarté et d'équilibre. domine de très haut cette intégrale, les sonates et préludes et fugues (sommet de l'œuvre) enregistrées en 1992 et reprises dans cette intégrale sonnent à merveille à Masevaux, dans des tempi très enlevés, tourbillonnants : les fugues, redoutables, sont d'une maîtrise absolue.

Pour tout le reste, nous sommes à la tribune de St Louis en l'île à Paris : même fougue, même lumière éblouissante. Un exemple : l'Allegro en ré mineur (plage 2 du CD 2), délice des sens, félicité en marche, avec tout à coup un grand choral Luthérien déclamé sur toute la force de l'orgue avec l'anche de 32 pieds à la pédale : un instant d'une intense émotion à vous donner le frisson.

, déjà entendu dans un précédent album Mozart pour Ligia, forme ici un tandem idéal, tant sa virtuosité sait se fondre complètement avec son collègue.

Une somme indispensable dans la connaissance de l'orgue allemand après Bach, en attendant Schumann, Brahms, et les autres…

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