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Purcell maître es émotions à l’abbaye-école de Sorèze

Festival musique des lumières 2007

Ce concert se place dans la programmation d'un très beau festival dirigé par Joël Suhubiette, faisant alterner en pays de Cocagne la fine fleur des artistes de Midi-Pyrénées et des invités prestigieux, tous au même niveau d'excellence.

Ce programme entièrement dédié au génie de Purcell a été un enchantement de tous les instants. Admirable choix artistique de , directeur des Passions, d'extraits des plus belles pièces de ce musicien prolifique. Toutes les émotions se sont succédées sans heurts. L'orchestre comprenait peu d'instruments, mais leur habile répartition au cours du concert en démultipliait la variété. Nous avons pu ainsi déguster la richesse des sonorités des violons, alto, basse de viole, théorbe, clavecin, hautbois et flûtes douces. a su, comme toujours, s'entourer de fins musiciens avec qui il partage une grande complicité. Ils sont tous magnifiques et ont eu leurs moments de mise en lumière. Pourtant s'il en est un qu'il faut distinguer tout particulièrement c'est Etienne Mangot à la basse de viole. On sait l'importance de la basse en musique baroque, et quand on écoute et regarde ce jeune musicien la leçon est évidente. Il anticipe et soutien à la fois tous les autres et certaines de ses attaques sont stupéfiantes de force et de précision comme un coup de tonnerre vivifiant. Voilà un musicien étonnant qui semble promis à une grande carrière.

L'humour est encore une qualité rare que ces musiciens partagent avec des regards entendus. L'air de rien, avec sa petite flûte, est un véritable pitre. Il nous a lancé un Scotch Tune inénarrable. Toutes ces pièces instrumentales, d'une grande variété et d'une exécution pertinente, donnaient à ce concert une grande valeur ; mais il y avait surtout deux perles posées sur cet écrin instrumental. Deux cantatrices complices nous ont régalés de bien belles émotions. Le charme personnel, l'esprit enjoué et l'œil malicieux d' ont fait merveille dans des airs. Sa voix de soprano fraîche, agile et pure est un enchantement. Elle a de plus accepté avec beaucoup d'amabilité de remplacer, à quelques jours du concert, souffrante.

est célèbre et son timbre si prenant a encore gagné en métal rare et en puissance d'évocation. Véritable mezzo dramatique, elle a joué constamment pendant qu'elle chantait comme si la tragédie l'habitait et réclamait la scène. Il faut dire qu'entre la plainte de The Fairy Queen, Music for a while, l'air d'entrée et la mort de Didon, elle a abordé les airs les plus dramatiques de Purcell. Dire que les porte à un sommet d'émotion est une évidence. Les spectateurs et les musicien eux-mêmes sont tombés dans les filets de cette magicienne qui allie le bien dire et le bien chanter.

Ces deux belles cantatrices nous ont également régalés d'une complicité et d'une complémentarité rare dans de trop courts duos.

Très intelligemment construit, le programme s'est terminé par de larges extraits de Didon et Enée, monument d'émotion et de théâtre ici suggéré. (Mais monter Didon et Enée avec de tels artistes pourrait être une excellente idée pour le festival de l'an prochain… ?)

Crédit photographique Jean-Marc Andrieu © Jacques Combalbert

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