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Yu Kosuge à Carnegie Hall : l’émotion en moins

Bon d'accord, faire ses débuts à Carnegie Hall alors que l'on n'a même pas vingt cinq ans, ce n'est pas donné à tout le monde. Bon d'accord, présenter un programme costaud allant de Joseph Haydn à , en passant par la Chaconne de Bach/Busoni, cela démontre une bonne appropriation du répertoire de piano. Bon d'accord, c'est fort bien joué et notre jeune femme s'en sort très bien techniquement Et bon d'accord, voilà une succession de banalités… Mais on est un tantinet gêné quand, finalement, on ne sait trop quoi penser de cet album.

C'est joué propre, assez froid, un peu chirurgical, plutôt lointain. À l'écoute, ni l'interprète ni l'auditeur ne semblent vraiment concernés par les œuvres jouées et c'est bien dommage. En fait, en exagérant à peine, toute l'émotion que réussit à faire passer pourrait se résumer à son expression visible sur la photographie de couverture du boîtier : regardez-la attentivement et vous comprendrez. Franchement, on peut se demander si son poisson rouge a attrapé un rhume, si elle s'ennuie à faire ce métier ou si l'on ne comprend rien au design des pochettes de disques, mais si l'on croise l'album de la demoiselle dans un bac chez le disquaire, son triste portrait a des chances de faire fuir le chaland le mieux intentionné ! Certes, un disque classique ne se vend pas tout à fait comme un baril de lessive, produit culturel oblige, mais une pochette est souvent le premier élément visible d'un enregistrement. Remarquez qu'à l'intérieur, on ne voit pas non plus la demoiselle sourire car elle est photographiée de dos !

Techniquement, la prise de son est bonne, le piano sonne très clairement, légèrement, et l'écoute est très agréable.

Une note optimiste pour finir : son Nocturne de Chopin est très bien senti ; mais quatre minutes sur une heure quarante de programme, c'est un peu maigre.

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