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Musique en Catalogne romane fête ses 25 ans !

Festival de Musique en Catalogne romane

Lorsque Charles Limouse lance, il y a de cela vingt cinq ans, son Festival de Musique ancienne sur instruments d'époque, c'est en pensant aux nombreuses chapelles et églises romanes de la Catalogne qui allaient servir d'écrin à ces formations da camera. Allier le prestige du patrimoine catalan dont on admire, à Elne, Saint-Genis ou Baixas les retables et les fabuleux chapiteaux et tympans historiés aux résonances feutrées des luths, clavecin ou pianoforte, voilà une perspective qui n'a pas manqué de rencontrer un public enthousiaste et aujourd'hui fidèle qui empruntait ce dimanche après midi 2 Septembre la jolie route de montagne au- dessus de la ville de Céret pour atteindre l'Ermitage de Saint-Ferréol.

On y entendait deux artistes renommées dans le monde de la musique ancienne : à la viole de gambe , professeur au Conservatoire National Supérieur de Lyon et , claveciniste et professeur au Conservatoire à Rayonnement Régional de Strasbourg dont le dernier enregistrement de sonates de Domenico Scarlatti a fait l'objet d'un « Diapason d'or » de l'année en 2006 – sonates que l'on retrouve dans l'album de Max Emanuel Cencic consacré au même compositeur.

Ce n'était pourtant pas un clavecin mais un pianoforte qu'elle jouait dans le petit chœur de la chapelle de Saint-Ferréol, un instrument mieux adapté à ce programme d'époque « charnière » – de 1770 à 1780 – et plus à même de servir les nouvelles recherches expressives (die neue Empfindsamkeit) menées par les compositeurs au sortir de la période baroque.

Charnières, les œuvres de ces trois compositeurs germaniques le sont aussi, expérimentales même comme cette Fantaisie de CPE Bach, une composition éminemment libre dans sa forme et sa conduite harmonique sous-titrée CPE Bach Empfindung dans laquelle le compositeur, au terme de son existence, préfigure l'œuvre-confidence des romantiques à travers un labyrinthe harmonique et une gamme d'effets expressifs particulièrement bien rendus par les sonorités colorées et le jeu sensuel d'. La Sonate en ré majeur pour viole de gambe et pianoforte du même compositeur emprunte encore au modèle baroque italien et délaisse toute rigueur au profit d'une liberté d'expression qui n'évite pas une certaine convention.

On connaît assez mal Carl Friedrich Abel, compositeur « de transition », un des derniers à enrichir le répertoire de la viole de gambe avant qu'elle ne cède définitivement la place au violoncelle. Hésitant entre la suite et la sonate d'église italienne, sa Sonate pour viole en ré mineur en cinq mouvements est terminée par un menuet : une œuvre pleine d'élan privilégiant la ligne expressive et chantante – comme dans l'Arioso – plus que l'écriture idiomatique d'un instrument dont on ne retrouve pas la saveur des tournures « à la française ». Très bien conduite par qui excelle dans l'art des nuances délicates sur son instrument, l'œuvre manque cependant de plénitude et semble appeler les sonorités plus chaudes du violoncelle.

Entre CPE Bach et Abel, Joseph Haydn affirme une voie et un talent beaucoup plus assurés dans sa Sonate en ré mineur de coupe classique en trois mouvements. Chef d'œuvre de finesse et de spiritualité, ses trois mouvements incluant un Menuet ramène l'unité d'un discours fermement conduit et idéalement servi par les sonorités légères et le ton intimiste du piano forte d'.

Convivial et bon enfant, le concert se terminait par une petite fête improvisée sur le parvis de l'église par les artistes du Festival : Charles Limouse à la flûte baroque rejoignait le Quatuor Fratres et les deux interprètes de la soirée pour « faire le bœuf » avant de nous convier au pot d'anniversaire des vingt cinq ans du Festival !

Crédit photographique : Aline Zylberajch © Patoch

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