- ResMusica - https://www.resmusica.com -

L’orgue de Byrd par Léon Berben

est le grand Maître du clavier en Angleterre, sous le règne d'Elisabeth I. Poète des sons de cette école nommée « les virginalistes », mélodiste inégalé, capable d'écrire une musique émouvante et simplement humaine, en opposition par exemple avec un John Bull, terriblement digital et virtuose. Byrd est un compositeur chez qui la finesse est maîtresse, tout au long de l'œuvre, tant vocale qu'instrumentale. Divers recueils renferment ses œuvres pour clavier, destinées indifféremment au clavecin, virginal, régale, clavicorde ou à l'orgue. Ce dernier garde une grande importance, Byrd ayant été titulaire à la Cathédrale de Lincoln, et certaines pièces semblant avoir une destination particulière pour le service divin : ainsi les hymnes « Clarifica me Pater », ou « Misere ». Cependant, d'autres pièces à caractère plus profane se jouaient aussi sur des orgues de cabinet dans les salons de châteaux.

C'est dire le large choix qui s'est offert ici à l'interprète pour le présent programme. La révolution de Cromwell au XVIIe siècle ayant malheureusement anéanti les orgues en Angleterre, plus aucun spécimen de l'époque n'a subsisté jusqu'à nous, et les recherches doivent se tourner aujourd'hui vers la Bretagne, ou les Flandres, où certains facteurs d'orgue s'étaient réfugiés et avaient construit quelques instruments (Famille Dallam en particulier).

Le célèbre collègue de Byrd, John Bull, ayant fui l'Angleterre, ce sont les Flandres aussi qui l'accueillirent. Aussi, retrouver ici cette musique sur l'un des plus vieux témoins existant aux Pays-Bas est judicieux à tous points de vue.

L'orgue historique d'Oosthuizen remontant à 1521, c'est l'un des plus anciens d'Europe, et il bien connu du monde de l'orgue ; divers enregistrements en attestent, dont le premier réalisé dans les années 60 par Floor Peeters. Plus récemment, cet orgue a bénéficié d'une restauration magnifique exaltant ses sonorités uniques, sur fond de tempérament mésotonique : seulement sept jeux et un petit clavier de 38 notes, mais quel bonheur, que de possibilités offertes pour le discours de Monsieur Byrd !

est grandiose : son jeu est d'une clarté rare, sombre quand il le faut, joyeux lorsque apparaît un air connu comme « la monica », exalté dans ses rythmes quand la danse prend le pas sur la vieille polyphonie. Le programme est varié, choisi au gré de ses préférences, c'est remarquable !

A la suite du CD de Davitt Moroney enregistré sur le Ahrend de Toulouse, tiré de son coffret intégral paru chez Hypérion en 1999 et déjà salué comme une référence, le présent enregistrement complète harmonieusement cette approche fascinante de Byrd à l'orgue, où la parenté d'un autre grand, Jan Pieterszoon Sweelinck, n'est pas si loin, grâce aux sonorités caractéristiques de l'orgue des Flandres, qu'une prise de son parfaite nous livre dans ses moindres détails.

(Visited 191 times, 1 visits today)