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Juan Diego Flórez : Feu d’artifice un rien uniforme

Il fut appelé le « roi des ténors » : Giovanni Battista Rubini qui, entre 1815 et 1845, fit délirer les salles de Naples à Londres en passant par Milan, Vienne et Paris.

Si l'on en croit ses contemporains, il savait unir miraculeusement vaillance et virtuosité, souplesse et suraigu phénoménal, chanté pourtant – selon les habitudes de son temps – en voix de tête ou falsettone. Par conséquent, les rôles écrits ou retravaillés pour Rubini sont bourrés de difficultés. Peu de ténors d'aujourd'hui sont capables d'affronter ce répertoire sans forcer leurs moyens ou avoir recours à des retouches et/ou des coupures. A vrai dire, il n'y a qu'un nom qui s'impose lorsqu'il faut élire le Rubini de nos jours : . Logiquement, le ténor péruvien a consacré son dernier album à son illustre prédécesseur, interprétant uniquement des rôles qui faisaient partie du répertoire de Rubini. Enregistré en août et septembre 2006, le CD est sorti il y a quelques semaines.

En écoutant ce florilège d'airs et de cabalettes, écrits par Rossini, Donizetti et Bellini, on ne peut qu'admirer le grand art de . Si son médium a gagné en vigueur, il est toujours le roi des vocalises et de l'aigu. Il se surpasse même en offrant ici un nombre inédit de contre-ut, contre-ré, voire en osant un contre-mi bémol ! Et tout cela sans jamais forcer ou sacrifier la beauté du son. Et pourtant, si éblouis que nous soyons par ce feu d'artifice, après les premières 30 minutes, nous commençons à regretter un choix de répertoire misant quasi uniquement sur la vaillance et la virtuosité. Nous finissons par désirer un air tout de douceur, sans coloratures ni suraigus, avec de longues phrases chantées legato. Nous le désirons d'autant plus que nous en savons Flórez parfaitement capable. Mais rien de ce genre….. Nous nous consolons donc du contre-ut royal, tenu sur neuf secondes, qui conclut à la fois la cabalette d'Arnold et le CD.

L'impression d'une certaine uniformité est renforcée par au pupitre de l'orchestre de Santa Cecilia. Sa direction est certes professionnelle, mais reste somme toute assez sommaire. Au lieu de mettre des accents lui-même, il se contente de faire briller son soliste. C'est beau, en effet, parce que Flórez brille de tous feux. Mais c'est aussi un peu réducteur.

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