Susanne Grützmann nous offre ici une belle version de l'intégrale pour piano de Clara Schumann. Elle nous rappelle ainsi la compositrice, trop souvent oubliée derrière l'interprète.
Fille de Friedrich Wieck, Clara Schumann se produisit en concert à neuf ans, et elle composa ses premières œuvres dès l'âge de dix ans (les quatre Polonaises op. 1). Outre des œuvres pour piano, objet de cette intégrale, Clara Schumann nous a également offert un Concerto pour piano et des lieder.
L'écriture très pianistique de la virtuose nous rappelle bien évidemment les œuvres de son mari : en témoignent les Variations op. 20 sur un thème de son époux, composées en 1853, dernière année avant que Robert Schumann ne sombre dans la folie. On sent également l'influence de Chopin, dont elle travailla très jeune les œuvres – elle fut la créatrice des Variations sur «La ci darem la mano» qui fit dire à Robert Schumann en tant que critique : «chapeau bas, messieurs, un génie !». Le coffret se termine sur la Romance en si mineur, qui sonne comme un adieu non dépourvu d'espoir : composée en 1856, l'année de la mort de son mari, c'est la dernière œuvre de la musicienne, qui dès lors renonça à la composition.
Le jeu de Susanne Grützmann est sensible et intéressant. Elle sait se mettre au service de l'œuvre tout en lui insufflant sa propre personnalité. La qualité du son participe également de la qualité de l'ensemble. On peut juste déplorer l'absence de notice en français.
Un coffret à prendre en considération, d'autant que les intégrales de ce genre sont très rares, et particulièrement concernant Clara Schumann. Le prix (quatre CD au prix de deux) reste très abordable.