- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Ercole su’l Termodonte

De la prolixe production scénique de Vivaldi, une grande partie nous est encore inconnue. Parmi ces œuvres, de nombreuses partitions incomplètes ou à l'authenticité douteuse côtoient les chefs-d'œuvre, d'où le bonheur très inégal suscité par les différentes exhumations de ses opéras aujourd'hui.

A cela s'ajoute la diversité des écoles interprétatives, de la vélocité de Spinosi à la sagesse de Curtis qui réussit, avec Ercole su'l Termodonte, l'exploit d'oublier la jouissive vivacité vivaldienne pour finalement diriger un baroque bien calme – un crime pour du baroque. La captation proposée par Dynamic, filmée lors des représentations données au festival des Deux Mondes de Spolète en juillet 2006, laisse une impression mitigée. On s'étonne par exemple du choix de faire doubler par (qui interprète déjà le rôle important d'Antiope) une figurante dans le petit rôle de la déesse Diane. La chanteuse ayant un timbre bien particulier, on reconnaît tout de suite que la voix qui invoque la déesse est la même que celle qui répond ! Concernant la scénographie, la poésie des oliviers – bienvenus puisque l'action a lieu à Délos – est anihilée par un sol réfléchissant particulièrement glacial et des lumières qui utilisent les couleurs froides. Et l'intérêt musicologique ?

On verrait facilement dans cet Ercole une œuvre de routine avec son ouverture sans lien avec l'œuvre – car elle est reprise de l'Armida – et sa traditionnelle succession d'interminables airs da capo s'il n'y avait cette intéressante tendance à tirer vers l'opera buffa avec le couple formé par Martesia et Alceste, plus humain et drôle que le couple noble d'Hippolyte et Thésée. Mais l'on reste perplexe devant les reconstitutions de Curtis – et celles en particulier où les ciseaux ont sévi –, mélanges des pièces de Vivaldi dont l'on dispose et d'une réécriture dans le style vivaldien, imitable parce que relativement codé. La reconstitution de cet ouvrage est due à Alessandro Ciccolini, en particulier les récitatifs. L'imitation est certes habile, avec arie en deux temps, cantabile ou virtuoses, dialogues entre le chanteur et l'orchestre. Mais un malaise nait rapidement du fait de ne pas savoir clairement qu'il faut attribuer au prêtre roux et à la reconstitution moderne.

Dans l'ensemble, les solistes ne déçoivent pas plus qu'ils ne transportent. Zachary Stains s'appuie sur un bas médium solide et, lorsqu'il s'élance avec courage dans ses airs, s'il ne manque pas de mordant et possède un phrasé expressif, il reste très monochrome et un peu âpre de timbre. Saluons toutefois l'abattage avec lequel il relève le défi de la nudité du héros antique que lui demande la mise en scène. Du plateau, on retient en particulier le nom du doux contre-ténor Randall Scotting. Une qualité que l'on remarque également chez Filippo Mineccia qui donne de la consistance au petit rôle de Telamone. Pour le reste, on attendra peut-être une autre distribution et les essais de Fabio Biondi dans cette œuvre.

(Visited 929 times, 1 visits today)