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La finesse d’une épure

Toulouse Les Orgues 2007

La Messe en si de Bach par , qui a enregistré toute l'œuvre vocale du Cantor de Leipzig, produit un effet d'annonce qui rend l'évènement incontournable. Il était naturel que Toulouse les Orgues, qui rend hommage à Bach chaque fois qu'il est possible, s'associe pour ce grand concert du vendredi soir à la série de concerts des Grands interprètes. Voici un concert qui bénéfice donc du lustre d'une série de concerts plus prestigieux les uns que les autres et de l'aura d'un grand festival international. Pas de plus belle œuvre possible pour ce soir que celle qui est unanimement emblématique de la paix chrétienne. En effet, cette messe catholique a été écrite au départ par Bach pour lui-même en 1733, puis il l'a complétée en 1740 toujours sans autre commandement que son désir. L'ampleur de cette messe la rend inutilisable tant dans la tradition luthérienne que catholique. Elle est en tout cas écrite par un musicien profondément protestant en un acte pacificateur qui défie le temps. Bach ne l'a jamais entendue en entier peut être par bribes. Sa création sous cette forme date de 1859 !

Il reste toujours quelque chose de ces considérations dans un concert qui propose la Messe en si. Un très nombreux public est donc venu vendredi à cette Messe donnée par le pape de la musique baroque.

Bien à l'aise dans cette vaste salle de concert the Amsterdam Baroque Orchestra & Choir et les quatre solistes ont donc offert au public la version de . Avec des partis pris que nous ne discuterons pas ici, force est de constater que tout fonctionne à merveille pour offrir une version pacifiée, précise et rigoureuse de ce monument musical à la gloire de la beauté. Un chœur de 24 chanteurs et un orchestre avec dix violons permettent un équilibre des plus satisfaisants dans cette ample Halle aux Grains. Les solistes aux voix modestes sont plus discrets. Ce qui reste d'un concert de cette trempe est une admiration profonde pour le compositeur. Les richesses de construction à la fois de l'ensemble comme du moindre détail sont parfaitement rendues. La nouveauté (même en 2007 !) de cette musique étonne et enchante toujours l'oreille (jeux avec les tonalités, rythmes superposés). La structure ainsi dégagée par la lecture de , est allégée grâce à un orchestre fragile et des chœurs d'une homogénéité rare. Les solistes, tant les chanteurs que les instruments obligés, ne sont jamais mis en valeur par leur virtuosité, située en deçà des attentes. Les airs et duos ne sont donc pas ce qu'il y a de plus considérable. Seul le chœur est magnifique dans toutes ces interventions, capable de sensibilité, Gratias agimus tibi ou d'audace, Sanctus.

La beauté de la musique sort donc triomphante de ce concert auquel a manqué le brillant de la virtuosité tout comme la ferveur de l'engagement. Le délicat Ton Koopman préfère une version épurée et modeste d'un chef-d'œuvre qui permet des lectures très diverses. Le public a en tout cas adhéré à sa proposition semblant plus charmé qu'enthousiasmé.

Crédit photographique : © Marco Borggreve

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