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Bohuslav Martinů : L’œuvre pour violon et orchestre, volume 1

Bien naturellement, les compositeurs tchèques de tout temps ont constamment été célébrés par la firme tchèque Supraphon grâce à laquelle on pouvait découvrir la majorité de leurs œuvres.

Mais rares étaient les autres labels qui défendaient ceux qui suivent la génération de Smetana et Dvořák. Jusqu'à récemment, toutefois. En effet, Josef Suk et Vítězslav Novák se retrouvent maintenant chez Chandos et Virgin ; Leoš Janáček chez Decca grâce entre autres à Sir Charles Mackerras, l'élève inspiré de Václav Talich, et chez DGG grâce à Rafael Kubelík.

(1890-1959), dès l'apparition du microsillon, eut relativement plus de chance, notamment par les bons soins de Charles Münch qui créa et enregistra à Boston sa Symphonie n°6 « Fantaisies Symphoniques » pour RCA Victor ; cette même Symphonie fut gravée ensuite chez Supraphon par Karel Ančerl qui fut gratifié d'un Grand Prix de l'Académie du Disque Charles Cros en 1960.

D'autres labels se sont intéressés à l'œuvre de Martinů qui compte nombre de Concertos destinés à mettre en valeur divers instruments. Avec cette production, le label anglais Hyperion semble s'y intéresser tout particulièrement, puisque après plusieurs enregistrements de musique de chambre, il nous offre la première parution de ce qui sera une intégrale en quatre CDs de l'œuvre pour violon et orchestre du grand compositeur tchèque, intégrale qui d'ailleurs n'exclut aucunement les pages auxquelles sont adjoints au violon d'autres instruments solistes.

Nous trouvons ici le Concerto pour flûte, violon et orchestre composé en octobre 1936, et dont la première eut lieu le 27 décembre 1936, avec Marcel Moyse (qui l'avait commissionné), Blanche Honegger-Moyse et l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire dirigé par Philippe Gaubert ; le Duo concertant pour deux violons et orchestre (novembre/décembre 1937) qui fut créé le 10 février 1938 par les frères Georges et Victor Desarzens, commanditaires et dédicataires de l'œuvre, et l'Orchestre de la Suisse Romande, sous la baguette d'Ernest Ansermet ; enfin le Concerto en ré majeur pour deux violons et orchestre (mai à juillet 1950), commande des frères jumeaux Gerald et Wilfred Beal qui le créèrent à Dallas le 14 janvier 1951. Tandis que les deux premières œuvres concertantes s'inspirent du Concerto Grosso baroque, la troisième, en pleine « période américaine » du compositeur, utilise un grand orchestre symphonique, dans la plus pure tradition du concerto romantique, à la manière d'un Antonín Dvořák. Toutefois le style, évidemment plus moderne, est définitivement typique de , avec cette cadence si particulière qu'il a inventée, et qui le fait reconnaître à coup sûr après quelques notes, à l'instar d'un Francis Poulenc.

De prime abord, on n'attendait pas dans ce genre de répertoire, lui qui nous avait habitués à d'admirables interprétations de la musique ancienne dans plus de deux cents enregistrements avec son Academy of Ancient Music. C'est oublier qu'il fut étudiant à Prague où il s'intéressa à la musique tchèque, particulièrement à celle de , et qu'il est actuellement un membre du conseil de l'édition complète Martinů, après avoir reçu la médaille Martinů de la Fondation praguoise Bohuslav Martinů en 1999. À la tête de la célèbre Philharmonie Tchèque rompue à cette musique, et entouré de solistes réputés dont les violonistes Bohuslav Matoušek (élève de Jaroslav Pekelský, Václav Snítil, Arthur Grumiaux, Nathan Milstein et Wolfgang Schneiderhan – excusez du peu !) et , il nous livre des interprétations définitives qui annoncent une intégrale d'exception.

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