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Eugène Green : le verbe révélé par ma mère l’Oye

Lorsque Charles Perrault publie les deux volumes qui composent les Conte de ma mère l'Oye (en 1695 et 1697), il est un bourgeois bien installé, ayant fait une carrière de haut fonctionnaire au service du Roi Soleil. Sa participation à la querelle des Anciens et des Modernes, tenant des premiers, ses écrits, une culture scientifique font de lui un homme éclairé. Dès leur parution Perrault se sent « obligé » de se justifier d'avoir choisi un genre « mineur », qui soit dit en passant le fera passer à la postérité, dissimulant pour longtemps grâce à ces justifications le sens de ces « sornettes ».

choisit ici de nous restituer par la grâce du verbe ces « contes du temps passé », qui tout comme l'Allée d'Eau à Versailles dont Charles Perrault fut l'auteur des dessins, cachent un secret, que les justifications de l'auteur, en son temps, avaient dissimulé.

défend depuis plusieurs années une conception où la parole porte en elle, une part de sacré, une énergie qui inscrit l'homme dans le cosmos. Loin des contes pour enfant, à moins que ce ne soit un appel de retour à la source, les Contes de ma mère l'Oye par l'étrange alchimie de la prononciation baroque, par ces mots qu'on savoure, par la fluidité de la prosodie, recrée un lien entre vie et mort, amour et spiritualité. La parole baroque possède une sensualité bouleversante, où domine une mélancolie sensible et lancinante.

Il était une « foy ». Reconstruisant le fil du songe, des sortilèges brisés en éclats, la belle voix d' nous permet de redonner sens à ces histoires et de trouver la voie (la voix) qui mène à cette âme sœur perdue, à ces mondes où la Raison ne domine en rien les passions, où les passions se jouent de malice, balayant la moralité pour s'enflammer de déraison. Chemin initiatique, ces contes sont à l'image de l'Allée d'Eau, dévoilant par le verbe une lumière infinie, pure et joyeuse.

Eugène Green est un diseur, un conteur, un initiateur, un guide (tel Hermès, ennemi ou ami du voyageur), qui aiment à perdre ses enfants pour mieux les révéler à eux – mêmes.

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