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L’orgue de Haendel aux senteurs de l’Italie

De son vivant, fût adulé pour ses qualités d'organiste, en particulier en matière d'improvisation. Partie d'Allemagne pour conquérir le monde, c'est l'Italie qui l'accueillera tout d'abord, où il s'abreuvera de musique nouvelle auprès de Steffani et Corelli. Il y apprendra en particulier le style du concerto grosso. Parti en Angleterre, il gardera le goût pour cette forme, qui lui sera bien utile. En effet la genèse des concerti pour orgue n'est autre au départ que la composition d'intermèdes pour ses oratorios. Haendel lui-même aux claviers était là pour épater la galerie par ses improvisations éblouissantes. Le public en était friand, venant avant tout pour entendre le maître, entouré de quelques musiciens bien en peine à le suivre dans ses élucubrations musicales.

Ainsi sont nées ces splendides pièces, les premières du genre en Angleterre, Haendel ayant noté quelques thèmes intéressants lors de ses prestations improvisées. Il y aura 12 concertos, six pour l'opus IV et six pour l'opus VI. Chaque concerto suit la disposition vivaldienne, avec l'alternance de mouvements lents et rapides. Il y aura également six concertos supplémentaires sans opus, reprenant parfois des éléments plus anciens. Parfois un dialogue s'installe avec le violon ou le violoncelle, comme dans le troisième concerto. Le sixième cède la place à la harpe et l'archiluth, ad libitum, l'écriture le permettant aisément.

Ces concerti, imprégnés du style Corellien sont ici justement interprétés par une phalange italienne. , grand spécialiste de l'orgue ancien dans son pays, et titulaire du Ahrend de San Simpliciano de Milano, livre ici une version très méditerranéenne, ensoleillée, souple, libre, à l'instar des improvisations de l'auteur, suggérées dans la partition par de nombreux « ad libitum ». L'orgue utilisé, tout juste sorti des ateliers Bottega organara, offre les meilleures possibilités à ces œuvres, servies également par un orchestre proportionné à l'ensemble, et dirigé du clavier par l'organiste. Une belle approche de ces concerti à placer aux côtés des versions de référence : Tachesi/Harnoncourt (Teldec) ou Koopman (Erato).

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