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Brahms et Bach pour violoncelle et piano : un enregistrement déséquilibré.

Vouloir enregistrer l'intégrale des Sonates pour violoncelle et piano de Brahms est en soi une excellente chose. Si l'on sait que cet auteur n'a destiné à cette formation que deux œuvres originales, on peut penser l'entreprise réalisable sur un seul CD. Mais voilà, notre homme a également réalisé un arrangement d'une de ses sonates pour violon et piano (celle en sol, un bijou) qui tient lui aussi formidablement la route et une intégrale digne de ce nom ne pourrait pas se passer de ce troisième opus. Mais voilà, le timing excède alors la durée d'un unique CD et il faut songer soit à faire des coupures d'un disque à l'autre, soit à compléter le programme. C'est cette dernière option, très respectable en soi, qui a été choisie. La violoncelliste et la pianiste , voulant établir sinon un parallèle du moins une relation entre Bach et Brahms, ont choisi de faire précéder chacune des œuvres du compositeur romantique par une transcription d'un extrait d'une cantate du maître de Leipzig.

Las ! L'idée de départ, originale à priori, se révèle être dans sa réalisation plutôt catastrophique. Les deux musiciennes nous infligent tout d'abord la transcription (avec le violoncelle en re-recording, il faut quand même oser !) du célèbre duo soprano-alto de la cantate BWV 78. Ce qui serait sympathique pour l'audition de fin d'année d'une école de musique passe très mal en début d'un CD de deux artistes confirmées et cette plage est bien niaise. Le pompon est atteint avec la calamiteuse transcription de la Sonatina d'ouverture (avec à l'origine deux flûtes à bec et deux violes de gambe) de la cantate BWV 106 Actus Trajicus : ici, les deux dames jouent du piano à quatre mains et le résultat est affligeant de bêtise et de contresens musicaux (des octaves au lieu d'unissons dans les parties de flûtes…). Le dernier essai, une aria de la cantate BWV 33, passe mieux car là les interprètes nous la jouent sobre mais efficace.

Quant à Brahms, il est heureusement beaucoup mieux loti car nos deux musiciennes sont là véritablement dans leur élément et le résultat est tout bonnement magnifique. L'arrangement de la Sonate pour violon est une merveille et on pourrait sans doute le préférer à l'original pour son côté « grave » qui sied si bien au compositeur.

Pour conclure, ce double album – s'il n'en est pas au point d'être fui – est doublement déséquilibré et dans le timing (le second disque est ridiculement court) et dans le programme (des transcriptions pareilles, plus jamais ça, promis ?).

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