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Leo Nucci en Rigoletto, bouffon triste

Premier de la trilogie « populaire » Rigoletto, opéra en trois actes d'après la pièce de Victor Hugo Le roi s'amuse, consacre à la célébrité.

Le livret de Francesco Maria Piave met en avant les différentes relations humaines : entre père et fille, patron et serviteur, hommes et femmes ; le tout avec une caractérisation précise des personnages et de leur statut.

En dépit de l'idée d'un Verdi strictement mélodiste, l'orchestration de Rigoletto (comme les autres d'ailleurs) révèle son coté de grand symphoniste. La couleur sombre des trombones caractérise le début du prélude andante sostenuto en do mineur, (tout comme les timbales du Trovatore et les cordes de Traviata). L'accord initial avec la quarte augmentée, les retards aux cordes et la réitération sur la dominante, introduisent le spectateur dans l'intensité dramatique de l'opéra qui alterne tout au long de son déroulement le rire aux larmes, la joie au deuil, l'adagio à l'allegro : transfiguration musicale du personnage de Rigoletto, ce bouffon triste.

Thème sous-jacent la croyance populaire, le destin malheureux marqué par la difformité du protagoniste qui ne peut rien sinon rire et faire rire.

, dans la peau de cet être déformé, se transforme de façon histrionique en bouffon satirique et père attentionné en même temps. Son interprétation magistrale ne laisse rien aux autres personnages même pas à la virtuosité d'Elena Mosuc dans le rôle de sa fille, Gilda. Sa récitation si intense et touchante, étudiée dans les plus petits détails, va de pair avec une excellente expressivité vocale. Ne convainc pas le ténor dont les aigus ne sont pas toujours parfaitement entonnés.

Les décors soigneusement étudié, les costumes en style en parfait de l'époque et les jeux de lumière contribuent à la réussite et à la justesse d'interprétation de ce chef-d'œuvre du mélodrame italien.

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