- ResMusica - https://www.resmusica.com -

L’art de la musique de chambre selon d’Indy

« La musique de chambre est le genre le plus élevé, celui qui exige les plus rares qualités ». Ainsi Joseph Canteloube présente-t-il le travail créateur de dans sa biographie parue en 1951. D'Indy qui occupa une position tout à fait centrale dans la vie musicale française pendant sa longue carrière.

Riche, disponible pour son art, voyageur, organiste, chef de chœurs, timbalier, corniste, élève fasciné de César Franck, transporté par le Ring de Wagner (ainsi que par Parsifal qu'il déguste à cinq reprises au cours de la seule année 1882) et dont il devient un ardent défenseur, professeur à la Schola Cantorum, polémiste redouté, catholique intransigeant, antisémite étroit… on n'en finirait plus de gloser sur ce personnage à l'attirance réelle bien qu'ambiguë.

Mais revenons plutôt à sa musique de chambre. Grâce aux excellents solistes de l' (et au pianiste François Kerdoncuff) le label Timpani nous engage à une rencontre fructueuse et marquante. La Suite en ré, dans le style ancien, pour 2 flûtes, trompette et cordes, créée à la Société Nationale en mars 1887, séduit d'emblée et prouve combien d'Indy prenait plaisir à coucher sur le papier les notes qu'il entendait en lui. Ses cinq sections contrastées, tantôt délicate et raffinée (Prélude), ailleurs martiale (Entrée), là redevable de la passacaille (Sarabande) ou encore animée par un rythme syncopé confié à la trompette (Menuet), s'achèvent par une ronde française, assez animée, écrite en fugato. Chansons et Danses relèvent de cette même spontanéité et font leurs un panel expressif large et varié propre au compositeur. Postérieur, le Quintette pour piano et cordes, lui aussi créé à la Société Nationale (mais en 1881) brille par son éloquence, la belle définition de ses thèmes, souvent opposés, sa science du leitmotiv et sa concision parfaite. Le beau et grave thème du mouvement lent (Lent et expressif) dévoile une facette noble et recueillie de la manière de d'Indy. Il s'oppose en tout point au Finale, joyeux, rythmé et leste. Ces pièces, et le reste du programme, de haute tenue, souvent rutilantes, bien que d'inspiration germanique, appartiennent aux trésors de la musique française du XXe siècle finissant.

Tout cela reçoit une fort belle interprétation et constitue une occasion d'en savoir plus sur un compositeur plus souvent commenté qu'écouté.

(Visited 538 times, 1 visits today)