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Morton Feldman, rien moins que des choses infimes

On peut s'étonner du fait que ces deux pièces pour orchestre du compositeur new-yorkais – dont on fête le vingtième anniversaire de la mort – soient enregistrées en live, avec cette vibration particulière, voire ces quelques toux éparses qui, a priori, pourraient nuire à la qualité d'écoute d'une telle musique. Or ce fond sonore, naturel et vivant, semble au contraire participer de l'» expérience immédiate et nouvelle » de l'écoute à laquelle nous convie le compositeur. Dans Coptic Light – inspiré par la découverte, au Louvre, de tissus coptes – une même texture orchestrale, répétée selon des pulsations régulières – un doux flot sonore – est exposée, comme par « érosion », à d'infimes modifications dont l'oreille, captive, suit les incidences sonores.

Dans Violin and orchestra, plus développé – près de cinquante minutes de musique – Feldman écarte l'idée de concerto – les deux protagonistes ne font que se côtoyer – et annule toute dramaturgie en procédant par « aplats » de couleur parfois très contrastés et soumis au « spelling », ces fines nuances microchromatiques dont il nuance imperceptiblement la matière sonore.

Le jeu d', sous la conduite inspirée de à la tête du Symphonieorchestrer des Baherischen Rundfunk, ménage à chacune de ses interventions sonores une intensité particulière qui fascine l'écoute – comme la couleur chez un Rothko – et nous fait pénétrer avec bonheur dans ce monde d'étrangeté nous révélant « rien moins que des choses infimes ».

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