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Des bulles de champagne et de Coca-Cola

Double objectif avec ce concert, célébrer la nouvelle année et fêter les Amis de La Monnaie qui co-organisent, comme chaque année, un évènement de prestige, dans le cadre de la saison de l'opéra fédéral belge. Pas de chanteur ou de chanteuses au cœur de ce concert annuel de gala mais le chef français dans un programme franco-américain.

La suite n°1 de L'Arlésienne est prise avec entrain dans une vision assez premier degré mais convaincante ; le chef se plaisant à mettre ça et là en avant quelques détails de la magnifique orchestration du compositeur de Carmen. L'orchestre de La Monnaie suit, avec une bonhomie joviale, un Minkowski qui ne s'économise pas. Transition assez brutale avec la touche poétique et raffinée des Nocturnes de Debussy. En dépit d'un satisfaisant niveau technique, l'orchestre de La Monnaie n'a pas la suavité des timbres et le fondu des pupitres optimaux pour rendre toutes les couleurs de cette musique, les bois sont un peu acides et les cordes manquent de transparence, cependant la lecture de Minkowski est très soucieuse des détails et de l'imbrication des lignes, le chef obtient ainsi de très belles nuances des cordes. L'intervention du chœur féminin de La Monnaie est parfaite et bien dosée à l'image de cette interprétation attentive et subtile.

Changement radical de registre avec l'Américain à Paris de Gershwin. Notre hôte de ce soir nous sert un plat assez truculent, un peu bourru, mais fort vivant et convivial. Bien sur, Minkowski lorgne sans vergogne vers Offenbach et Poulenc, mais son Américain s'avère fort séduisant avec des contrastes très marqués. L'orchestre de La Monnaie donne ici la pleine mesure de ses possibilités avec des pupitres hautement engagés comme les trompettes et les trombones souverains. Après la pause, le public effectue un bond dans le temps avec Fearful Symmetries de , un petit bijou, du Adams répétitif de la première manière. Ce « boogie pantagruélique » « pulsif » et enragé est emporté ici par un véritable souffle et une grande perfection technique. Il faut dire que l'orchestre de La Monnaie, créateur de The Death of Klinghoffer en 1991, connaît son Adams.

En conclusion et en dépit d'un programme où l'on cherchera en vain une cohésion, ce concert de Gala s'est avéré un beau succès artistique. Pour remercier les Amis de La Monnaie de leur engagement, , le directeur du théâtre, convie, après une brève allocution, la soprano à interpréter un Summertime un peu poussif mais assez bien venu.

Crédit photographique : © DR

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